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Interview. Mariage des mineurs: pourquoi le Maroc n’y arrive toujours pas

Interview. Mariage des mineurs: pourquoi le Maroc n’y arrive toujours pas

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Le président du Ministère public, Moulay El Hassan Daki, a indiqué, mardi 23 novembre, lors d’une rencontre régionale à Benguérir, que les tribunaux ont reçu plus de 19.926 demandes de mariage de mineurs.

Le Mariage des mineurs désigne le mariage dans lequel au moins un des conjoints a moins de 18 ans. Au Maroc, le fléau reste très répandu, malgré les avancées juridiques. Entre 2009 et 2018, ce sont 319.177 demandes de mariage de mineures qui ont été validées. Pour en savoir plus sur les causes et les solutions pour éradiquer ce phénomène effrayant, Ni9ach21 s’est tourné vers Amina Lotfi, présidente de l’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM).

Ni9ach21: Que pensez-vous des données avancées par le président du Ministère public ?

Amina Lotfi: En ce qui concerne l’ADFM et les associations féministes au Maroc, ces données ne nous étonnent pas du tout. Ça fait plusieurs années que nous tirons la sonnette d’alarme. Donc, il est évident que si on donne le pouvoir discrétionnaire au juge, on va arriver à ces statistiques effrayantes.

A votre avis, pourquoi le phénomène persiste-t-il encore malgré les avancées juridiques?

Les causes proviennent du fait que nous ne respectons pas les droits de l’enfant. En principe, la place d’un enfant est à l’école, pas dans la gestion d’un foyer. Malgré la réforme du Code de la famille en 2004, les avancées ont atteint leurs limites, surtout en ce qui concerne le mariage des enfants. Cette loi a besoin d’une réforme à différents niveaux pour intégrer le principe des droits des femmes et de l’égalité de genre. Ainsi, depuis la réforme, on a assisté à des défaillances concernant l’application du Code de la famille.

Quelles sont les limites du Code de la famille en ce qui concerne le mariage des mineurs?

Les limites se situent à différents niveaux: le mariage des mineurs, la tutelle légale, l’égalité dans l’héritage, la polygamie… Et ces limites font que le Code de la famille n’est pas harmonisé avec les dispositions constitutionnelles, qui prônent l’égalité des hommes et des femmes dans tous les droits, ainsi que l’intérêt suprême de l’enfant.

Ce Code de la famille nécessite d’être harmonisé avec la Constitution et les engagements internationaux du Maroc, puisque notre Constitution prône la primauté des engagements internationaux du Maroc sur les lois internes.

Quelles solutions pour éradiquer ce fléau?

D’abord, la réforme du Code de la famille, la refonte du Code pénal, en plus de l’harmonisation des lois entre elles et l’harmonisation de ces lois avec les engagements internationaux du Maroc. Il n’y a pas de secret, il faut harmoniser toutes les lois et il faut des mesures d’application de la règle juridique qui soient rigoureuses. Il ne faut plus qu’il y ait de vide juridique, de même que le pouvoir discrétionnaire ne doit pas être laissé aux juges aux affaires familiales. Par rapport au mariage des mineurs, il faut fixer l’âge de mariage à 18 ans. A ce titre, nous demandons une réforme globale du Code de la famille.

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