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Afrique du Sud: le président refuse de démissionner malgré le scandale au parfum de corruption

Afrique du Sud: le président refuse de démissionner malgré le scandale au parfum de corruption

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, sous la menace d’une procédure de destitution, n’a aucune intention «de démissionner ou de s’écarter», a annoncé samedi à l’AFP son porte-parole Vincent Magwenya.

Mis en cause depuis mercredi par un rapport parlementaire affirmant qu’il «a pu commettre» des actes contraires à la loi dans une affaire de cambriolage dans l’une de ses propriétés où d’importantes sommes en liquide ont été trouvées, le président a décidé de «ne pas démissionner sur la base d’un rapport erroné, il ne va pas s’effacer non plus», a-t-il affirmé.

Le président va aussi contester ce rapport qui l’accable par voie de justice.

«Il est dans l’intérêt et la durabilité à long terme de notre démocratie constitutionnelle, bien au-delà de la présidence Ramaphosa, qu’un rapport aussi bancal soit remis en question, en particulier lorsqu’il est utilisé comme point de référence pour destituer un chef d’État en exercice», a expliqué son porte-parole.

Le président Ramaphosa fait l’objet d’une plainte depuis juin l’accusant d’avoir tenté de dissimuler ce cambriolage en février 2020, au cours duquel 580.000 dollars en espèces cachés dans un canapé ont été dérobés, et de n’avoir signalé l’incident ni à la police ni au fisc. Cette plainte n’a pas donné lieu à ce jour à des poursuites et l’enquête de police se poursuit.

Le Parlement devait décider mardi en session extraordinaire de lancer ou non une procédure de destitution sur la base d’un rapport parlementaire. Une commission indépendante a conclu la semaine dernière que le président « a pu commettre » des actes contraires à la loi dans le cadre de l’affaire, ouvrant la voie à une procédure de destitution.

« Nous sommes tous d’accord sur (la date du) 13 décembre », a déclaré tard dans la soirée Nosiviwe Mapisa-Nqakula, lors d’une réunion spéciale de programmation. Le report a été justifié par la nécessité de donner à chaque élu le temps de se rendre au Cap où siège le Parlement pour un vote, décrit par certains députés, comme « sans précédent ».

Ce lundi 5 décembre, le président avait lancé une contre-offensive, saisissant la Cour constitutionnelle pour que le rapport parlementaire et ses suites, dont le vote au Parlement, soient « revus, déclarés illégaux et rejetés ».

L’ANC votera contre une procédure de destitution du président sud africain

Plus tôt, le congrès national africain (ANC), parti au pouvoir en Afrique du Sud, avait dit apporter un soutien total au président Cyril Ramaphosa, annonçant que ses membres au Parlement, où ils sont majoritaires, voteraient contre une procédure de destitution du chef de l’État.

Le Comité exécutif national (NEC) à la tête du parti « a décidé qu’il votera contre l’adoption du rapport » parlementaire qui accable le chef de l’État et dont les conclusions ont ouvert la voie à une procédure de destitution, a déclaré le secrétaire général de l’ANC, Paul Mashatile, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion des hauts responsables du parti à Johannesbourg.

« Si le Parlement engage le processus demain, l’ANC ne soutiendra pas le vote », a-t-il dit. Le Parlement se réunit mardi en session extraordinaire pour décider de lancer, ou non, une procédure de destitution. L’ANC, malgré de fortes divisions, y détient toutefois une confortable majorité.

Cyril Ramaphosa, qui avait envisagé de jeter l’éponge selon plusieurs sources politiques, a fini par se raviser et écarter l’éventualité d’une démission au cours du week-end, mettant fin à plusieurs jours d’incertitude.

Une enquête pénale est en cours. Le président n’a pas été inculpé à ce stade.

Cyril Ramaphosa se battra aussi sur le terrain politique pour son maintien et un second mandat, a souligné son porte-parole.

Un Cyril Ramaphosa tout sourire

L’ANC se réunit le 16 décembre pour désigner son prochain président en 2024, si toutefois le parti, de plus en plus contesté, était vainqueur des législatives. Majoritaire au Parlement depuis 1994, l’ANC, plombé par la corruption et une guerre de factions, choisit le chef de l’État depuis l’avènement de la démocratie sud-africaine.

Détendu et tout sourire, Cyril Ramaphosa est apparu un court instant lundi au centre de conférences où s’est tenue la réunion de l’organe exécutif de l’ANC. Les débats se sont ensuite tenus sans lui.

Il a été accueilli par une poignée de partisans aux couleurs de l’ANC, en vert, noir et or, portant des pancartes « Ramaphosa est notre président ». Quelques-uns de ses détracteurs étaient également présents, réclamant sa démission.

Le rapport parlementaire a été largement critiqué par des experts en droit, arguant que ses conclusions s’appuient sur du « ouï-dire » et multiplient les suppositions. Mais le texte soulève aussi de vraies questions sur la version des faits avancée par le président.

Selon lui, l’argent liquide volé provenait de la vente à un homme d’affaires soudanais de vingt buffles. Mais pourquoi l’argent n’a-t-il pas été déposé dans une banque ? Et pourquoi les buffles vendus se trouvent-ils toujours dans la propriété du président près de trois ans plus tard ?

« Il existe de sérieux doutes quant à savoir si les devises étrangères volées proviennent bien de leur vente », conclut le rapport.

Le premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), a réitéré sa demande d’élections anticipées. Le parti radical de gauche des Combattants pour la liberté économique (EFF) a de son côté réclamé que Cyril Ramaphosa soit « arrêté ».

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