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Afrique du Sud: des rassemblements sous surveillance après un appel au blocus national

Afrique du Sud: des rassemblements sous surveillance après un appel au blocus national

La police et l’armée ont été déployées, lundi 20 mars, en Afrique du Sud, l’appel à un blocus national par un parti radical de gauche faisant craindre une répétition des émeutes meurtrières de 2021, dans un contexte économique et social toujours en berne

Le parti des Combattants pour la liberté économique (EFF) mené par le trublion au béret rouge, Julius Malema, a exhorté les Sud-Africains à une journée « pacifique » de grève générale et de manifestations pour exiger la démission du président Cyril Ramaphosa, jugé incapable de remédier au chômage endémique (32,9 %), une pauvreté grandissante et une grave crise de l’électricité.

D’importants dispositifs policiers ont été mis en place dans plusieurs provinces, près de 3 500 soldats mobilisés. Des sociétés de sécurité privées, nombreuses dans le pays où le taux de criminalité est parmi les plus élevés au monde, ont été appelées en renfort.

A Johannesburg et dans la capitale Pretoria, des commerçants prudents ont préféré laisser le rideau baissé. Déjà 87 personnes ont été arrêtées dans la nuit de dimanche à lundi pour troubles à l’ordre public, selon la police.

« Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec la rue. Camarades, c’est le blocus le plus réussi de l’histoire de l’Afrique du Sud », a clamé M. Malema devant ses partisans à Pretoria. En milieu de journée toutefois, environ 5 000 personnes seulement, vêtues du rouge des EFF ou syndicalistes, étaient rassemblées à Pretoria. Des manifestations ont également démarré dans la région du Cap et dans la province du KwaZulu-Natal (sud-est).

Mais l’ANC au pouvoir s’est déjà félicité dans un communiqué de la participation limitée au « prétendu blocus national ». Au Cap, la Ville a enregistré des incidents sporadiques mais dans l’ensemble, des « perturbations minimes liées au blocus de l’EFF ».

Evoquant la pénurie d’emploi et la hausse constante du coût de la vie, Gift Boquopane, 42 ans, membre des EFF à la manifestation à Pretoria, estime que le gouvernement « ne fait rien pour nous ».

Les responsables de l’ANC « ont prouvé sans l’ombre d’un doute qu’ils sont incapables de diriger le pays », juge pour sa part Trevor Shaku, syndicaliste.

Un an avant les élections générales de 2024, Cyril Ramaphosa fait face à un mécontentement grandissant. Depuis des mois, les 60 millions de Sud-Africains sont privés de courant jusqu’à douze heures par jour.

La première puissance industrielle du continent est incapable de produire suffisamment d’électricité. L’entreprise publique Eskom lourdement endettée, lutte avec des centrales vétustes et mal entretenues après des années de corruption et de mauvaise gestion.

Mais pour la première fois depuis janvier, le pays a été épargné dimanche et lundi par les coupures : « L’une des principales victoires du blocus national, avant même qu’il ne commence, est d’avoir considérablement réduit les délestages », a constaté l’EFF dans un communiqué.

Promettant d’empêcher « l’anarchie », le président Ramaphoa avait donné pour consigne aux forces de l’ordre d’éviter de nouvelles émeutes.

En juillet 2021, les pires violences dans le pays depuis la fin de l’apartheid et une vague de pillages avaient fait plus de 350 morts. Au départ déclenchées par l’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma, condamné pour outrage à la justice, les violences étaient également le signe d’un climat social et économique tendu.

M. Ramaphosa a été reconduit en décembre 2022 à la présidence de l’ANC, après avoir échappé à une procédure de destitution après le vol de mystérieuses sommes d’argent en liquide dans l’une de ses propriétés. Il est assuré d’un second mandat à la tête du pays en cas de victoire du parti dans les urnes en 2024.

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