En lecture
Les États-Unis courtisent l’Afrique face à la percée chinoise et russe

Les États-Unis courtisent l’Afrique face à la percée chinoise et russe

Près de 50 dirigeants africains sont arrivés à Washington cette semaine pour un sommet clé organisé par le président Biden. Ce rassemblement est une occasion pour réinitialiser les relations des États-Unis avec l’Afrique, dont les relations avec la Chine et la Russie ont fait l’objet d’un examen minutieux.

Au cours de la dernière décennie, le profil géopolitique du continent a été élevé au rang d’une région vitale à l’échelle planétaire, avec la croissance démographique la plus rapide au monde. Un quart des 9,5 milliards de la population mondiale vivra en Afrique d’ici 2050, contre 10 % de la population mondiale en 1950.

Lundi, la Maison Blanche a annoncé, en prélude de ce sommet, que les Etats-Unis vont engager 55 milliards de dollars d’investissements économiques, sécuritaires et sanitaires, sur 3 ans en Afrique ainsi que la nomination d’un nouvel envoyé spécial pour se concentrer sur ces questions.

Voici quelques points clés pour comprendre les enjeux de cette réunion.

Pourquoi ce sommet est-il important ?

Alors que la Chine, la Russie, l’Union européenne, le Japon et la Turquie ont organisé de nombreux rassemblements similaires avec des diplomates, des hommes d’affaires et des ONG africaines, ce n’est que le deuxième sommet de ce type organisé par les États-Unis au cours des huit dernières années. Le premier a été organisé par Barack Obama en 2014. On ne sait pas non plus quand aura lieu le prochain ?

Les diplomates africains ont décrit la politique et l’engagement des États-Unis sur le continent ces dernières années comme étant à la dérive. D’autant plus que, les relations sous la précédente administration américaine étaient tendues. L’ancien président Donald Trump a tristement qualifié les pays africains et Haïti de « pays de merde ».

Le secrétaire d’État de l’époque, Mike Pompeo, était considéré par certains diplomates africains comme étant plus soucieux de mettre en garde contre les investissements et les prêts de la Chine, qui a versé 700 milliards de dollars en prêts d’infrastructure à travers le continent, que de s’engager avec les décideurs africains sur des objectifs communs.

Qu’est-ce qui a changé dans les relations américano-africaines cette année ?

Un changement de paradigme a eu lieu cette année, de la part des diplomates américains, dirigés par le secrétaire d’État Antony Blinken. Un nouveau document de stratégie pour l’Afrique publié cet été a mis l’accent sur l’importance du partenariat avec l’Afrique. Les déclarations des responsables de l’administration Biden ont souligné que les États-Unis ont l’intention d’écouter, et ne pas sermonner les gouvernements africains.

Le changement s’opère après des années où les diplomates africains ont décrit la politique américaine comme ignorant les propres objectifs du continent et entravant sa liberté de nouer des liens avec les alliés et les adversaires de l’Amérique comme la Chine et la Russie, en particulier après son invasion de l’Ukraine. Les diplomates américains affirment que l’écoute a été un élément clé de leur diplomatie cette année.

« Au cours des six derniers mois, nous avons vraiment intensifié notre engagement », a déclaré à Judd Devermont, conseiller du président Biden pour les affaires africaines. « Ce sur quoi nous avons essayé de nous concentrer dans cette administration, c’est de traiter les pays africains comme des acteurs géopolitiques majeurs, pas seulement comme un sujet de géopolitique ou une sorte de partenaire junior. »

Mais que signifie réellement ce changement de ton en termes de politiques et d’accords lors du sommet?

Le président Biden a déjà annoncé le soutien des États-Unis à l’adhésion de l’Union africaine au Groupe des 20.

Et dans un autre signe d’efforts d’engagement, la Maison Blanche a annoncé qu’elle nommerait Johnnie Carson, 79 ans, un ambassadeur de longue date dans plusieurs pays africains, à un nouveau rôle de représentant spécial pour l’Afrique.

Quel sera le résultat du sommet ?

L’amélioration du commerce occupera une place prépondérante. De nombreux pays africains cherchent à renouveler et à élargir la loi américaine sur la croissance et les opportunités économique en Afrique (AGOA), qui expire en 2025.

Ladite loi permet l’accès au marché américain sous certaines conditions. Elle est devenue une assiette importante de croissance économique dans des pays comme l’Éthiopie. Les États-Unis ont bloqué l’accès du pays d’Afrique de l’Est à l’AGOA cette année à la suite de la guerre civile du gouvernement éthiopien avec la région du nord du Tigré. Le premier ministre Abiy Ahmed est présent, à Washington, pour le sommet, s’entretiendra avec Blinken et l’accès aux marchés américains pourrait être discuté.

Les trois jours verront plusieurs réunions entre les entreprises et les associations de la société civile. Des pourparlers entre dirigeants sont attendus mais n’ont pas été confirmés.

« Le sommet des dirigeants africains sera vraiment une fête de lancement pour ce que nous essayons de réaliser au cours de ce mandat », a déclaré Devermont.

Lors de nombreux briefings, les responsables américains ont déclaré que l’administration chercherait de nouvelles opportunités commerciales et une coopération plus étroite dans la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la démocratie, mais ont donné peu de détails sur les objectifs de signature qu’ils espéraient. Reste à savoir si une politique majeure émergera du sommet.

 

 

 

© Africa Times All Rights Reserved. Terms of Use and Privacy Policy

Inscrivez-vous à notre newsletter

Rejoignez notre liste de diffusion pour recevoir nos dernières informations

You have Successfully Subscribed!