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Le Ghana désormais à un cran du défaut de paiement selon les agences de notation

Le Ghana désormais à un cran du défaut de paiement selon les agences de notation

Au Ghana, la crise financière devient de plus en plus profonde. Les trois principales agences de notation financière internationale (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch) classe désormais le pays dans la catégorie à haut risque « ultra spéculative ».

Dette abyssale, inflation galopante, dépréciation de la monnaie locale (le cedi a chuté de 50% par rapport au dollar en 2022) …le Ghana traverse une crise économique sans précédent. Cette situation a poussé les agences de notation internationale à multiplier les alertes quant à l’insolvabilité du pays avec un haut risque de défaut de paiement.

Déjà, le Mercredi 10 août 2022, Fitch Ratings a dégradé la notation souveraine du Trésor ghanéen à «B-» contre «B» précédemment. L’agence de notation plaçait le pays sous perspectives négatives. Cela signifie qu’à terme, la capacité du Trésor ghanéen à faire face à ses obligations envers ses créanciers est désormais incertain.

Lundi 3 octobre, Moody’s, annonce également, avoir rabaissé la note du pays ouest-africain à Caa2. Le 3ème acteur majeur de l’oligopole mondial de la notation financière classe désormais le pays dans la catégorie à haut risque « ultra spéculative ». Raison: les principaux indicateurs macro-économiques du Ghana sont en rouge : un taux d’inflation estimé à 40%, une dette qui s’élèvera à 104% du PIB d’ici la fin de l’année tandis que les paiements d’intérêts devraient consommer au moins 58% des recettes budgétaires en 2022.

Après Fitch et Moody’s, c’est au tour de Standard & Poor’s de revoir à la baisse, il y a deux jours, la note de crédit à long terme en devises étrangères de la Gold Coast. L’agence a attribué au pays une note de «CC» au lieu de «CCC+» auparavant. Cette dernière note correspond à l’incertitude de remboursement et/ou des perspectives négatives de paiement.

Pour pallier à cette situation, Ken Ofori-Atta, le ministre ghanéen des Finances a annoncé lundi dernier, dans une allocution vidéo, que le Ghana va échanger sa dette intérieure dans sa lutte pour retrouver la stabilité économique. Ainsi, les obligations locales seront échangées contre de nouvelles obligations arrivant à échéance en 2027, 2029, 2032 et 2037 et leur coupon annuel sera fixé à 0% en 2023, 5% en 2024 et 10% à partir de 2025 jusqu’à l’échéance.

Cependant, il n’a fourni aucune information sur les plans relatifs à la dette extérieure qui sont attendus avec impatience par les créanciers internationaux. Ofori-Atta, a souligné seulement l’intention de son pays de « restructurer sa dette en devises ».

« Notre engagement envers les Ghanéens et la communauté des investisseurs, conformément aux négociations en cours avec le FMI, est de rétablir la stabilité macroéconomique dans les plus brefs délais et de permettre aux investisseurs de réaliser les bénéfices de cette restructuration de dette », a-t-il indiqué, soulignant que le gouvernement du Ghana « a travaillé dur pour minimiser son impact sur les investisseurs détenant des obligations souveraines ».

Pour Moody’s, la restructuration de la dette en devises du Ghana passe obligatoirement par l’obtention d’un décaissement de de 3 milliard de dollars auprès FMI. Par ailleurs, cette restructuration doit s’effectuer de manière coordonnée avec les préteurs et dans le cadre du programme en cours avec le FMI.

Toutefois, « une structuration prolongée » de sa dette en raison du moindre facteur défavorable, qui interviendrait à court terme, entraînera une nouvelle dégradation du rating du pays. C’est donc un défi de taille pour la seconde puissance économique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, car la prochaine note sur l’échelle de notation Moody’s est ‘’C’’ qui équivaut au défaut de paiement. Et si le Ghana entre dans le défaut de paiement, toutes les économies de la région seront impactés, car cela engendra des craintes chez les investisseurs étrangers et accentuera d’avantage le problème du financement que celles-ci rencontrent. Croisons les doigts!

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