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Le retour d’une opposition de gauche au Parlement marocain, est-ce possible?

Le retour d’une opposition de gauche au Parlement marocain, est-ce possible?

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L’opposition parlementaire comprendra plusieurs partis de gauche, à savoir l’Union socialiste des forces populaires avec 35 sièges, le Parti du progrès et du socialisme avec 21 sièges, ainsi que le Parti socialiste unifié et l’Alliance de la fédération de gauche avec un siège chacun.

Les observateurs considèrent que la présence de ces partis de gauche dans l’opposition est l’occasion de trouver un terrain d’entente pour faire face aux défis sous un gouvernement libéral et centriste dirigé par le Rassemblement national des indépendants (RNI).

Les partis de gauche marocains ont vécu pendant des années dans une impasse, après avoir formé à partir des années 60 une force politique importante. Celle-ci a dirigé l’opposition pendant des décennies, puis le gouvernement d’alternance (les partis d’opposition dirigent le gouvernement dans le cadre de l’alternance démocratique) en 1998, sous la direction d’Abderrahmane Youssoufi, ancien Premier ministre et fondateur de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

Néanmoins, la présence des partis précités dans l’opposition peut leur restituer une sorte de pouvoir politique. Ils ont ainsi l’occasion de former un grand pôle de gauche, même au sein de la coordination parlementaire. Ce qui sera déjà un bon début.

La nécessité d’un terrain d’entente

Selon Aicha Lablak, membre du bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS), l’opposition peut être divisée en différentes catégories. «Nous avons d’abord le Parti de la justice et du développement, de droite, qui est à bout de souffle, et ensuite le PPS, qui a quitté volontairement le gouvernement en 2016. Ce parti a, d’ailleurs, réussi à constituer avec l’Istiqlal et le Parti authenticité et modernité une opposition homogène jusqu’à l’élaboration du mémorandum sur les réformes politiques et électorales. Puis, on a le Mouvement populaire, qui s’est retrouvé involontairement dans l’opposition. Quant à l’Union socialiste des forces populaires, elle a fait confiance au Parti de la colombe. Hélas, en politique, il n y a pas d’allié permanent», détaille-t-elle à Ni9ach21.

La présidente du groupement parlementaire du PPS dans le gouvernement sortant poursuit: «La force de l’opposition ne se résume pas au nombre de ses membres, mais elle se mesure plutôt par ses positions, et la force de ses suggestions».

De son côté, Salaheddine El Hosni, du Parti socialiste unifié (PSU), estime que «la présence de partis qui se considèrent de gauche dans l’opposition n’est pas une raison suffisante pour une coordination». Pour lui, il faut également, et surtout, un terrain solide pour coordonner l’action entre ces organisations politiques. Et d’ajouter qu’«il n’y aura aucun sens pour la coordination à moins qu’il n’y ait une sorte d’intersection générale sur les projets qui peuvent être coordonnés».

Une gauche, trois expériences

Pour Lablak, parler de la gauche dans le domaine parlementaire pourrait revenir à parler de trois expériences: l’expérience de ce qui restait de l’USFP, dont la direction actuelle n’a de lien avec la gauche que le nom, l’expérience politique riche et réaliste du PPS, et l’expérience des partis formant la Fédération de gauche, qui n’a pas donné grand-chose numériquement mais a été positive sur le plan politique.

«La coordination entre les partis de gauche est tributaire du programme gouvernemental, car l’objectif de l’opposition n’est pas l’opposition elle-même, mais de veiller à la bonne marche des chantiers stratégiques nationaux, la moralisation de la scène politique et la réalisation de l’équilibre politique», souligne l’ancienne parlementaire.

Une opportunité à saisir

Le politologue Mohamed Bouden, lui, n’exclut pas le fait que la présence des partis de gauche dans l’opposition soit l’occasion de construire une idéologie de gauche ouverte, réaliste, non ancrée dans le socialisme mais homogène avec les orientations actuelles. «L’idéologie gauchiste a connu un développement, de l’idéologie socialiste ancrée dans l’histoire à l’idéologie qui défend les intérêts des citoyens en matière d’éducation, de santé, de logement, de pouvoir d’achat», explique-t-il.

Le politologue appelle ainsi les partis de gauche à «saisir cette opportunité qui les a réunis dans l’opposition pour œuvrer à une convergence et une unification des visions, afin de parvenir à une coordination au niveau du travail parlementaire».

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