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Interview. Tayeb Hamdi: «Les traitements anti-Covid ne peuvent en aucun cas remplacer la vaccination»

Interview. Tayeb Hamdi: «Les traitements anti-Covid ne peuvent en aucun cas remplacer la vaccination»

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Suite au bon déroulement de la campagne nationale de vaccination et l’amélioration de la situation épidémiologique au Maroc, le gouvernement a récemment pris plusieurs mesures, dont la levée du couvre-feu nocturne. Serons-nous bientôt débarrassés de la Covid-19?

La Covid-19 va bientôt célébrer deux ans. En autant de temps, beaucoup de choses ont changé dans notre monde, à l’exception de la maladie qui, au contraire, fait preuve d’une impressionnante capacité d’adaptation à travers ses variants. Personne ne saurait prédire la fin de la pandémie, mais ce qui sûr c’est que pour l’instant, le vaccin est la seule solution.

Mais combien de doses va-t-on devoir se faire administrer, au final? Et qu’en est-il de la recherche sur un traitement anti-Covid? Dr Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé, nous éclaire sur ces questions.

Ni9ach21: Combien de doses de vaccin faut-il pour être immunisé contre le coronavirus?

Dr Tayeb Hamdi: Ce qu’on sait, c’est qu’on a une pandémie qui continue de se propager et qui mute. Il y a, certes, des variants qui apparaissent, mais en même temps, on a des mesures barrières individuelles et collectives. Ceci, en plus de vaccins qui sont disponibles et efficaces contre les formes graves de la maladie et les décès, et qui réduisent de manière significative les chances d’être infecté.

Pour ce qui est du devenir du virus, les experts pensent que la Covid-19 deviendra une maladie endémique. En d’autres termes, la pandémie va disparaitre, mais le virus restera présent au sein de la population sous forme de cas individuels, sporadiques. On aura peut-être des fois une petite épidémie quelque part, mais qui peut être gérable facilement comme les autres microbes endémiques.

Est-ce que cela va nécessiter des injections de rappel supplémentaires? On ne sait pas encore, car on ignore, jusqu’à présent ,quelle est la durée d’immunité du vaccin avec le régime de trois doses. Aussi, on ignore s’il y aura des variants qui vont affaiblir l’efficacité de l’immunité, soit acquise par la maladie, soit acquise par le vaccin.

Où en est la recherche sur le traitement anti-Covid ?

On ignore, jusqu’à présent, si on va trouver des médicaments très efficaces contre les formes graves et qui seront faciles à prendre. Dans ce cas, si on a une efficacité des vaccins administrés, peut-être n’aura-t-on besoin de rappel que pour une petite couche de la population vulnérable, qui a une fragilité immunitaire, c’est-à-dire les personnes âgées. Pour les autres, on a les moyens de traiter. Peut-être que l’immunité des jeunes ayant reçu trois doses va durer des années.

Ça ne dépend pas de ce qu’on vit actuellement, mais de ce qu’on vivra dans les mois à venir. Quelle durée d’efficacité des vaccins, surtout avec un schéma de trois doses? Quels sont les variants qui vont apparaitre? Quels sont les médicaments et dans quelle mesure seront-ils disponibles et à la portée de la population mondiale?

Dans tous les cas, ce n’est pas encore le moment pour les comprimés. Maintenant, il faut se faire vacciner, car les traitements ne peuvent en aucun cas remplacer la vaccination. Les médicaments sont complémentaires à la vaccination, qui réduit de 90% le nombre des cas graves. Maintenant, là où le vaccin n’est pas suffisamment performant, par exemple dans le cas des personnes âgées, des personnes souffrant de maladies chroniques, etc., on peut compléter avec les traitements.

Qu’en est-il des mesures barrières?

Beaucoup de Marocains se demandent quand nous retournerons à la vie normale, alors qu’une bonne partie d’entre eux n’ont jamais quitté la vie normale. Ils n’ont jamais respecté la distanciation physique, n’ont pas arrêté les visites familiales, les anniversaires, les baisers, les câlins…

Les mesures barrières sont un rempart contre la propagation du virus, mais malheureusement, la population ne les respecte pas. D’ailleurs, c’est pourquoi les mesures édictées par l’Etat sont plus strictes. A titre d’illustration, en Europe ou aux Etats-Unis, il y a des personnes qui sont contre le port du masque, mais elles le mettent, car elles respectent la loi malgré tout. Chez nous, il y a des gens qui sont pour le masque, pourtant ils ne le portent pas. Ce qui pousse l’Etat à prendre les mesures restrictives pour compenser ce déficit.

Du moment que la pandémie est toujours avec nous, il faut respecter les mesures barrières individuelles et collectives édictées par l’Etat. Il faut trouver un équilibre. Si on se fait vacciner, si on respecte les mesures barrières, la pandémie finira par disparaitre, et il y aura la poursuite de l’allègement des restrictions sanitaires. Sinon, à chaque fois, il y aura des mesures restrictives.

Maintenant, si on a un bon taux vaccinal, on peut imaginer un assouplissement même des mesures individuelles. Par exemple, quand la situation sanitaire est sous contrôle, avec 80% de la population vaccinée, les gens peuvent ne pas porter les masques dans les espaces extérieurs de plein air. Mais pour cela, il faut une bonne couverture vaccinale, une situation épidémique maitrisée et une population respectueuse des consignes.

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