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Marocains tués au Mali: à qui la faute?

Marocains tués au Mali: à qui la faute?

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Deux camionneurs marocains ont été tués et un autres blessé dans l’attaque de leur convoi, samedi dernier au Mali. Les assaillants n’ont volé ni les camions ni leurs contenus. Qui est derrière cette attaque?

Les faits se sont déroulés samedi dernier dans la commune de Didiéni, à environ 300 km de Bamako. Des hommes armés ont attaqué un convoi commercial marocain, tuant deux camionneurs marocains et blessant un autre. Ce dernier, dont l’état de santé ne suscite pas d’inquiétude, a été admis dans une clinique de Bamako. Un quatrième conducteur s’en est, lui, sorti sain et sauf.

Les camions transportaient des fruits vers Bamako en provenance de Nouakchott, lorsqu’un groupe d’hommes cachés derrière des arbres a ouvert le feu sur le convoi. Selon les témoignages, certains des assaillants portaient des gilets pare-balles, d’autres étaient cagoulés et au moins deux membres du groupe avaient en mains des talkies-walkies. De plus, après avoir commis leur crime, ils ont quitté les lieux sans emporter ni les camions, ni les marchandises à bord. Ce qui écarte la thèse du braquage.

Ainsi, l’attaque laisse la porte ouverte à plusieurs hypothèse en attendant le rapport définitif de l’enquête des autorités maliennes. Au-delà du convoi, cette attaque ciblait-elle le Maroc? S’agissait-il d’une attaque terroriste, le pays étant plongé depuis 2012 dans une vague de violences multiformes?

Le véritable auteur de l’attaque

Moussaoui Ajlaoui, expert au Centre d’études pour l’Afrique et le Moyen-Orient soupçonne le régime algérien ou le Polisario d’être derrière l’attaque contre le convoi marocain. Le chef de la diplomatie algérienne (Ramtane Lamamra), explique-t-il dans un entretien à Ni9ach21, vient lui-même de déclarer que l’hostilité envers le Maroc va être longue et stratégique.

Pour Ajlaoui, à travers cette attaque meurtrière, c’est le Maroc qui est pris pour cible. Il y voit plusieurs objectifs, dont le premier consiste à briser l’élan du commerce intra-africain, traduit dans la réalité quotidienne par une forte présence des transporteurs marocains sur le continent africain. Deuxièmement, il s’agit de menacer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest en s’attaquant à des camions marocains qui assurent l’approvisionnement en produits alimentaires. Troisièmement, cette opération a pour but de sanctionner les pays africains qui ont reconnu la marocanité du Sahara.

Aucun Malien ne voudra faire du mal à un Marocain, puisque dans la plupart des cas, les groupes armés présents dans la région ciblent les militaires, et rarement les civils, poursuit Ajlaoui. Ainsi, il apparait qu’il y a des rapports entre le Polisario, soutenu par le régime algérien, et les groupes jihadistes terrorisant la région.

Et d’ajouter: «Il y a même un accord entre ces groupes et les renseignements algériens sur la base d’un compromis permettant la remise, de temps en temps, d’un ou deux terroristes à l’armée algérienne en échange de la facilitation de circulation des groupes terroristes dans la région. Iyad Ag Ghali d’Al-Qaïda et d’autres chefs jihadistes soutenus par les militaires d’Alger sont les principaux bénéficiaires de ce deal.»

Que va faire le Maroc?

Concernant la réaction du Maroc, Ajlaoui identifie trois voies. D’abord, pénalement, puisqu’il s’agit d’un assassinat de deux civils innocents. D’ailleurs, l’ambassade du Maroc à Bamako avait demandé l’ouverture d’une enquête auprès des autorités maliennes afin de clarifier les faits.

Sur le plan politique également, le Maroc doit déposer une plainte auprès de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations Unies, afin d’ouvrir une enquête pour déterminer la partie derrière l’assassinat et dévoiler toute la vérité au monde.

Enfin, stratégiquement, le Maroc contrôle désormais la seule route menant à la Mauritanie. En effet, depuis la réouverture de la route de Guerguerat, le trafic des civils et des biens s’y fait en toute sécurité. Mais le royaume ne peut contrôler les autres routes menant aux autres pays africains. Ainsi, l’achèvement de la construction du port de Dakhla lui permettrait de desservir par voie maritime ces pays en toute sécurité.

Dans tous les cas, le temps est le meilleur juge, mais une chose est sûre, c’est que les violences jihadistes se sont propagées au Mali. C’est ce qui ressort du rapport trimestriel couvrant avril, mai et juin de la Mission des Nations unies pour le maintien de la paix au Mali (MINUSMA). Ce document a souligné une aggravation de l’insécurité dans la région par rapport au premier trimestre. Ceci, en dépit de la présence des forces françaises (Barkhane), régionales (force conjointe du G5 Sahel comprenant le Mali, le Burkina, le Niger, la Mauritanie et le Tchad) ou onusiennes.

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