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Femmes élues à la Chambre des représentants: des progrès limités… et grâce au quota, pas aux partis politiques

Femmes élues à la Chambre des représentants: des progrès limités… et grâce au quota, pas aux partis politiques

Selon certains observateurs, la représentation féminine au sein de l’institution législative demeure faible, puisqu’elle n’a pas dépassé les 25% à l’issue des législatives du 8 septembre.

Les résultats des élections organisées le 8 septembre dernier restent aux antipodes du slogan de parité brandi par les partis politiques. En effet, les femmes n’ont obtenu que 96 sièges sur 395 à la Chambre des représentants, soit moins de 25% (24.3%). Ceci, après dix ans de lutte pour la parité politique. Pour rappel, la Constitution de 2011 dispose que «l’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental».

Ainsi, les femmes n’ont remporté que 6 sièges sur les 305 alloués aux circonscriptions locales, sans prendre en compte les listes régionales. Ce qui signifie que le taux de réussite des femmes aux dernières élections législatives a été inférieur à… 2% (1,97%). Dans les listes régionales, elles ont remporté 90 sièges, dont 16 pour le Rassemblement national des indépendants (RNI), 13 pour le Parti de l’Istiqlal (PI), 12 pour le Parti authenticité et modernité (PAM), tandis que les autres partis se partagent les 49 sièges restants.

«La lecture des résultats indique une faible progression dans la représentation des femmes au sein de l’institution législative, et cela, grâce au quota», remarque Asmaa Mehdioui, chercheuse en sciences politiques. Dans un entretien accordé à Ni9ach21, elle note que «les partis avec des résultats faibles sont représentés à la Chambre des représentants par un plus grand nombre de femmes, et ce, grâce à la liste régionale, tandis qu’elles sont sous-représentées chez les partis arrivés en tête des élections». La représentation féminine est ainsi faible dans les partis forts et forte dans les partis faibles.

La parité, une ambition

Egalement contactée par Ni9ach21, Nadia Touhami, parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS), estime que «les résultats obtenus par les femmes aux élections du 8 septembre sont les plus élevés jamais enregistrés dans l’histoire du Maroc. C’est un indicateur positif, car la représentation politique des femmes au sein des Conseils élus a été renforcée après les amendements apportés aux lois électorales».

Néanmoins, rappelle-t-elle, «ce à quoi nous aspirons au Maroc, c’est d’atteindre la parité dans la représentation des femmes au Parlement et dans tous les conseils communaux et régionaux, conformément aux dispositions de la Constitution de 2011, qui a explicitement souligné l’égalité entre les hommes et les femmes dans plusieurs domaines, y compris les droits politiques».

Abondant dans le même sens, Mehdioui appelle à «attribuer des postes de responsabilité aux femmes, car elles ont fait leurs preuves dans de nombreux secteurs stratégiques». Il s’agit également, ajoute-t-elle, de «poser les jalons d’une élite féminine, au vu des expériences qu’elles ont accumulées», et cet objectif ne peut être atteint qu’«en faisant plus confiance aux femmes et en leur assignant des postes de responsabilité».

Pour la chercheuse, «les partis vainqueurs des élections locales devraient mettre des femmes à la tête des listes régionales et communales, afin d’appliquer réellement le principe de parité édicté par la Constitution. Et dans ce sens, les signes sont positifs, un changement de paradigme est en train de s’opérer dans le long combat des femmes marocaines pour obtenir des postes de décision».

Les femmes sur le même pied d’égalité que les hommes

Dans un communiqué parvenu à la rédaction de Ni9ach21, la coalition «Mounassafa Daba» (Parité maintenant) appelle les partis politiques à proposer des femmes à la tête des listes des prochaines élections communales et régionales, sur le même pied d’égalité que les hommes.

Mounassafa Daba espère également que «le prochain gouvernement fera appliquer les principes d’égalité des chances et sera plus équitable envers les femmes par rapport à ses prédécesseurs. Ce qui constituera une victoire pour le principe de la démocratie participative et les lois constitutionnelles».

Toujours dans son communiqué, la coalition souligne que «le Maroc fait face à de grands défis pour concrétiser le projet du Nouveau modèle de développement, à commencer par l’absence des femmes dans la gestion des affaires publiques».

Des femmes en route pour les postes de décision

Trois femmes se dirigent vers la présidence des plus grandes villes marocaines – Rabat, Casablanca et Marrakech, ce qui serait une première au Maroc. Il s’agit de Fatima-Zahra Mansouri du PAM, ainsi que des RNistes Asmaa Ghlalou et Nabila Rmili.

A la suite d’une alliance entre partis, Mansouri, parlementaire et leader au sein du PAM, devrait être nommée maire de Marrakech. Pareil pour Ghlalou, qui est pressentie comme la future maire de Rabat, à l’issue d’une entente entre le parti de la colombe et celui du tracteur.

Quant à Rmili, qui est médecin et directeur régional de la santé de Casablanca-Settat, elle pourrait être à la tête de la capitale économique.

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