En lecture
Interview. Saïd Afif: «Ce que nous reprochons au nouveau décret sur la cotisation sociale»

Interview. Saïd Afif: «Ce que nous reprochons au nouveau décret sur la cotisation sociale»

Moulay-Said-Afif-Covid-19-Maroc-Ni9ach21-chaleur-delta-femmesenceintes

Les syndicats des médecins du secteur privé ont annoncé une grève, qui se déroulera un jour par semaine, à partir du 20 janvier prochain, si le gouvernement ne révise pas les montants de leurs cotisations sociales, qu’ils jugent élevées par rapport à ceux appliqués aux notaires et aux pharmaciens.

Dans le cadre de la généralisation de la couverture sociale au Maroc, le Conseil de gouvernement a adopté, le 25 novembre 2021, le décret n° 2.21.290 portant application de la loi n°98.15 relative au régime de l’Assurance Maladie Obligatoire de base (AMO). Ce texte, rappelons-le, fixe la cotisation sociale à 4 fois le SMIG (2.638 dirhams) multiplié par 6,37%, soit 672 dirhams, pour les médecins libéraux généralistes et à 5,5 fois le SMIG multiplié par 6,37%, soit 924 dirhams, pour les médecins libéraux spécialistes.

Jugeant ces taux élevés, notamment en comparaison avec ceux appliqués aux notaires et aux pharmaciens, les blouses blanches du secteur privé ont décidé de grever à partir du 20 janvier prochain. Pour en savoir plus sur ce mouvement, Ni9ach21 a interrogé Moulay Said Afif, membre du Collège syndical national des médecins spécialisés privés (CSNMSP).

Ni9ach21: Quelles sont vos revendications?

Said Afif: En vertu du nouveau décret, le notaire paiera moins que le médecin. Qui alimente le plus les caisses de sécurité sociale? Est-ce le médecin ou le notaire? On ne donne aucune valeur aux médecins. D’ailleurs, 80 médecins sont décédés pendant la première vague du Covid-19. L’Etat ne nous a pas fourni les moyens de protection; aucune facilité.

Maintenant, quel est le problème du médecin libéral? C’est que nous voyons 100, 200, voire 1.000 médecins qui réalisent de grands bénéfices, ou bien 10 cliniques sur un total de 400 pour qui les affaires ont bien marché durant la crise sanitaire. Ce sont eux que le gouvernement voit, alors que le médecin lambda est aussi un citoyen qui a des charges. Pendant une année, il n’y avait pas de travail, et nous avons épuisé nos économies. Alors, venir maintenant taxer le médecin beaucoup plus que le notaire ou le pharmacien, qui ne devra payer que 450 dirhams, c’est une honte.

Il y a plus de 13.000 médecins exerçant dans le privé, mais on ne peut pas les taxer juste parce que 100 d’entre eux font des bénéfices. C’est pourquoi nous appelons à l’équité dans la fixation des taux de cotisation sociale à l’instar des catégories taxées à 3%.

De plus, la tarification nationale de référence (TNR), fixée à 150 dirhams, n’a pas changé depuis 2006 au Maroc. Nous demandons donc l’actualisation de la TNR inscrite dans la loi n° 65-00, laquelle devrait changer tous les 3 ans, conformément à la loi. Mais cela n’a jamais été fait depuis plus de 16 ans, alors qu’on devrait être à la sixième valorisation de cette tarification.

Pourquoi avoir choisi la date du 20 janvier?

D’abord, on est pour le projet royal de généralisation de la couverture sociale. On veut que les malades se soignent, qu’ils guérissent, car ça fait partie de nos gênes et nos valeurs en tant que médecins.

Nous resterons mobilisés, mais ils ne doivent pas nous sous-estimer. Les médecins veulent qu’on commence maintenant les protestations, mais avec Omicron, ce n’est pas le moment. La santé du citoyen est prioritaire, c’est pourquoi nous avons accordé un délai au gouvernement pour faire des sit-in de dialogue.

Nous avons écrit au Chef du gouvernement à ce sujet, ainsi qu’au ministre de l’Économie et des finances, au ministre de la Santé et de la protection sociale, et au ministre délégué chargé du Budget, mais nous n’avons reçu aucune réponse, comme si le médecin libéral privé ne valait rien.

Votre mouvement ne va-t-il pas impacter les efforts en matière de lutte contre la Covid-19?

Nous ne voulons pas paralyser le système, surtout dans ces moments critiques. Ce bras de fer n’est pas dans l’intérêt des citoyens et patients. Chacun de nous assume sa responsabilité, et quand nous manifestons, il y a toujours les urgences qui fonctionnent. Le médecin a des responsabilité auxquelles il ne peut se soustraire.

© Africa Times All Rights Reserved. Terms of Use and Privacy Policy

Inscrivez-vous à notre newsletter

Rejoignez notre liste de diffusion pour recevoir nos dernières informations

You have Successfully Subscribed!