Face à la propagation rapide du nouveau variant Omicron du virus de la Covid-19 et afin de préserver les acquis réalisés dans la lutte contre la pandémie, le Maroc a décidé de fermer ses frontières pour une durée d’au moins deux semaines, à compter de ce lundi à 23h59.
Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, nous explique les motivations derrière la décision des autorités marocaines, et nous en dit plus sur la menace que représente le nouveau variant du coronavirus.
Ni9ach21: Pourquoi fermer les frontières pendant au moins deux semaines?
Dr Tayeb Hamdi: La suspension des voyages à destination du Maroc pendant deux semaines trouve son explication dans le fait qu’on a besoin d’avoir plus de données sur le nouveau variant Omicron apparu en Afrique du Sud. Effectivement, c’est un variant dont on ne connait pas le taux de transmissibilité, la virulence et la résistance éventuelle aux vaccins.
On a besoin de deux semaines au moins pour savoir si Omicron est résistant ou pas aux vaccins. On a besoin de deux semaines de travaux dans les laboratoires pour avoir les réponses préliminaires. On ne sait pas encore si le nouveau variant est virulent, c’est-à-dire s’il cause plus d’états graves, plus de décès par rapport au Delta, et jusqu’à quel degré il est transmissible.
C’est une équation à plusieurs inconnues. On doit attendre les premières réponses, car celles-ci sont déterminantes pour la gestion de ce variant et du reste de la pandémie. De ce fait, le mieux est de protéger notre système de santé et notre pays en attendant d’y voir plus clair et éviter une escalade de mesures. D’où le recours à des mesures très strictes au niveau des frontières. C’est ainsi une occasion pour appeler la population à plus de vigilance et, donc, à renouer avec les mesures barrières et surtout se faire vacciner le plus vite possible.
Quelles sont les dernières données disponibles sur le variant Omicron?
On dispose, actuellement, de plus de données sur ce nouveau variant, mais qui ne sont pas confirmées, qui ne sont pas définitives. Ce variant serait plus transmissible que Delta, vu le nombre de contaminations enregistrées en Afrique du Sud actuellement. Mais, cela reste à prouver et à définir avec exactitude. Omicron touche exclusivement peut-être les personnes non vaccinées d’après les premières constatations. En effet, la majorité écrasante des personnes infectées concerne les non-vaccinés: les deux tiers ne sont pas du tout vaccinés, et le tiers restant n’ont reçu qu’une seule dose. D’où l’intérêt de se faire vacciner.
Qu’en est-il de sa virulence?
A l’heure actuelle, on n’a pas de données suffisantes pour tirer des conclusions. Mais quelques observations de professionnels de la santé en Afrique du sud indiquent que les jeunes sont les plus infectés. Ce qui est normal, car ils sont les plus mobiles, ont plus de contacts, respectent moins les mesures barrières. Mais, ce n’est ni une raison, ni une preuve pour juger le degré de transmissibilité.
Ce sont les premières constatations, ce ne sont ni des études, ni des chiffres définitifs. Il s’agit de données qu’il faut prendre en considération. Plus qu’une source d’inquiétude, elles doivent surtout être une source de vigilance plus accrue. Il faut d’avantage respecter les mesures barrières (distanciation, masque et autres), mais surtout, il faut se faire vacciner complètement, c’est-à-dire se faire administrer trois doses pour les adultes et deux doses pour les enfants de 12 à 17 ans.
