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Affaire Pegasus et compagnie: les relations Maroc-France menacées?

Affaire Pegasus et compagnie: les relations Maroc-France menacées?

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Rebondissements dans l’affaire Pegasus, réduction des visas Schengen, Sahara… Entre Rabat et Paris, les relations ne sont pas au beau fixe. Faut-il craindre le pire?

Le tribunal de Paris a examiné, le 26 janvier dernier, la recevabilité des poursuites engagées par l’Etat marocain contre les groupes Le Monde, Radio France, France Médias Monde, Mediapart, L’Humanité et Forbidden Stories, ainsi que l’ONG Amnesty International, qui ont accusé le Maroc sans la moindre preuve tangible d’utiliser le «logiciel espion Pegasus». La décision du tribunal sera rendue le 25 mars 2022.

Depuis le déclenchement de l’affaire Pegasus, le Maroc a joué la carte de la transparence. Et il a démenti les allégations mensongères d’Amnesty International et de Forbidden Stories en menant une contre-expertise scientifique. Après quoi, il a porté plainte pour diffamation contre les groupes susmentionnés. En attendant la décision de la justice française quant à la recevabilité des poursuites, cette affaire, et d’autres avant elle, pourrait porter un coup aux relations déjà tendues entre Rabat et Paris.

Vers une rupture de l’alliance stratégique?

Pour Hassan Belwan, analyste politique et expert en relations diplomatiques, «divers signaux portent à croire que l’alliance stratégique qui existait entre le Maroc et la France se dirige vers une rupture, notamment l’affaire Pegasus, l’arrêt des échanges de visites entre les hauts responsables des deux pays, ou encore les attaques médiatiques coordonnées, dans lesquelles certains journalistes français dépassent les limites, principalement sur la question du Sahara marocain».

Concernant l’étouffement de l’affaire depuis le début de la procédure, Belwan déclare que «cela montre qu’il y a eu une coordination entre les organes de l’Etat officiel, d’une part, et le pouvoir judiciaire et les médias, d’autre part, pour contrer les intérêts du Maroc et pour empêcher que la vérité éclate au grand jour». L’affaire Pegasus a, en effet, fait vivement réagir certains partis et lobbies connus pour leur hostilité envers le Maroc.

L’expert souligne également que les relations entre le Maroc et la France se dirigent vers des tensions qui pourraient être plus importantes qu’en 2014. De plus, fait-il observer, à contre-courant de la tiédeur dans les relations entre le Maroc et la France, l’on assiste à une nouvelle dynamique dans celles entre le pays de Macron et l’Algérie. Ce qui soulève des interrogations.

La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara

Le professeur de relations internationales Mohamed Chakir indique, pour sa part, qu’un froid souffle entre Paris et Rabat depuis la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara. «Cela s’est notamment traduit par la réduction par les autorités françaises des délivrances de visas à aux Marocains, y compris les cadres, les travailleurs indépendants et autres», ajoute-t-il.

Après la conclusion des accords d’Abraham qui ont consacré la coopération tripartite Maroc-Etats-Unis-Israël, la réaction venue de la France a été l’accusation des autorités marocaines d’espionner Emmanuel Macron, observe Chakir.

En réaction, le Maroc a intenté une action en justice contre les journaux qui ont publié cette information, et la société israélienne NSO a, de son côté, démenti toute implication à cet égard. Ainsi, prévient Chakir, en cas de rejet de la recevabilité de la plainte du royaume, «la justice française risque d’exacerber cette tension, d’autant plus la période de l’élection présidentielle est très proche, avec les challenges qui en découlent».

Un partenaire crédible et fiable

«Malgré tout ce qui précède, nous ne pouvons pas nier que la relation entre le Maroc et la France est historique, stratégique et cruciale. Paris ne peut pas négliger un partenaire crédible et fiable dans la région, tout comme le Maroc ne peut pas négliger un acteur de poids au sein de l’Union européenne et du Conseil de sécurité, et qui veille constamment sur les intérêts marocains, y compris dans les périodes de crises», nuance Belwan.

Et de poursuivre: «Les relations reprendront leur cours normal prochainement. Et même si la situation perdure, les prochaines élections françaises vont changer le cours des relations franco-marocaines pour le mieux, et ce, qu’Emmanuel Macron ou l’un de ses concurrents soit réélu.»

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