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Appels au boycott des élections: derrière les slogans, l’idéologie

Appels au boycott des élections: derrière les slogans, l’idéologie

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En pleine campagne électorale, des voix s’élèvent pour appeler au boycott des scrutins prévus le 8 septembre prochain. Leur argument: «Les élections ne changent rien à la situation sociale et économique du pays et les mêmes visages reviennent toujours.» Mais est-ce que c’est valable? Et quelle en est la (vraie) finalité? Réponses.

A la tête de cette campagne de boycott, on retrouve le parti politique La voie démocratique et le mouvement Al Adl Wal Ihsane, soutenus par des militants sur les réseaux sociaux. Pour l’universitaire et politologue Omar Cherkaoui, cette campagne de boycott est «contre-productive et infondée» et ses auteurs «ne proposent aucune alternative».

L’électorat a connu, cette année, une hausse significative, passant de 15.702.592 personnes inscrites sur les listes électorales en 2016 à 17.983.490 en 2021. Ce qui représente une augmentation de 2.280.898 électeurs en cinq ans. Parallèlement, le nombre des candidats aux législatives a lui aussi augmenté, s’établissant à 6.815 cette année. Même son de cloche au niveau des élections communales, qui affichent une augmentation de 26.644 candidatures. Celles-ci sont passées de 130.925 en 2015 à 157.569 cette année (+20%).

Le boycott, «victoire» pour la démocratie?

Pour La voie démocratique, «le processus électoral est fondé sur des fragmentations bien pensées et injustes, et des listes électorales antidémocratiques qui ouvrent la porte à la fraude». Dans un communiqué, ce parti marxiste estime que «tous les partis politiques mènent des campagnes viles, où l’argent, les fausses promesses et le clientélisme règnent» et que «les candidats qui se présentent sont, pour la plupart, sans intégrité ni scrupule».

Ce parti accuse notamment ces derniers de vouloir accéder aux sièges de la Chambre des représentants «seulement pour leurs propres intérêts et celui de leurs sponsors». Quant aux subventions matérielles et au support médiatique, il ne sont accordés qu’aux partis «adulés par l’administration», lit-on.

Le parti dit vouloir «faire évoluer ce boycott spontané en un boycott conscient de la nature du système en vigueur et son incapacité à changer au profit du peuple». Il dénonce ainsi «des élections contrôlées, ainsi qu’un gouvernement qui n’a aucun pouvoir de décision, et qui impose des choix et politiques fatidiques pour les générations futures».

Dans ce même contexte, Abou Bakr Menkhari, leader du mouvement Al Adl Wal Ihsane affirme que «le boycott de ces élections est une victoire pour la nation, pour la démocratie et les droits de l’Homme». Le leader islamiste a, par ailleurs, déclaré dans une publication sur Facebook que «ce boycott est tout sauf nihiliste. C’est une sorte d’espoir pour que la citoyenneté soit préservée et que les citoyens aient le dernier mot sur ceux qui gouvernent. En effet, il a été prouvé sur la scène politique marocaine que 39 est supérieur à 126.»

Les législatives devraient connaître une participation plus importante

Omar Cherkaoui, professeur de sciences politiques et de droit constitutionnel à la Faculté de droit Mohammedia, explique que «l’appel au boycott d’Al Adl Wal Ihsane n’est pas nouveau; c’est l’une des stratégies principales du mouvement, remontant aux années 80».

Il souligne également que «ces appels au boycott ne se basent aucunement sur des principes, mais des calculs politiques». C’est une position classique de la part d’Al Adl Wal Ihsane pendant toutes les élections. Selon l’universitaire, le problème du mouvement islamiste est qu’«il n’apporte aucun argument de poids, contrairement aux candidats qui estiment que le vote est la seule issue pour développer les instituons de l’Etat».

Selon Cherkaoui, les partisans du boycott ont des motivations d’ordre idéologique, mais sont dépourvus de vision. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles leurs appels n’aboutissent pas. Il en veut pour preuve l’augmentation du nombre des électeurs à environ 18 millions. Ce qui annonce une «augmentation de la participation malgré tous ces appels au boycott».

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