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Diplomatie marocaine: la maturité

Diplomatie marocaine: la maturité

Mohamed-Adnan-Debbarh-maroc-ni9ach21

Rarement la diplomatie marocaine a-t-elle été autant sollicitée que depuis huit mois, depuis la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis d’Amérique.

Crises ouvertes avec l’Allemagne et l’Espagne, larvée avec la France, gestion du dossier du Sahara avec l’administration démocrate, mise en place des relations avec Israël, visite de Haneyeh , ouverture des consulats au Sahara, campagne pour le siège non permanent au Conseil de sécurité 2028-2029, affaire Pegasus… Les dossiers ne manquaient pas à l’appel. Ce changement d’échelle a-t-il perturbé nos diplomates? La réponse est non.

Il faut dire que depuis quelques années, le Maroc travaille d’arrache-pied pour son désenclavement géostratégique, pour vaincre son insularité subie. L’opportunité africaine saisie par le Roi, traduite par un renforcement des relations politiques et économiques avec plusieurs pays du continent, a donné une confiance nouvelle au Maroc quant à sa capacité à construire de nouvelles alliances en dehors de son pré carré traditionnel. Le retour à l’UA en fut la validation.

La quête de nouveaux appuis pour le dossier du Sahara a permis d’élargir les horizons – Chine, Russie, Amérique latine – et d’engranger de nouvelles alliances. Le rôle actif dans la crise libyenne, la lutte contre le terrorisme en Europe et au Sahel, le contrôle des flux migratoires ou encore le développement du trafic de Tanger Med ont fait que, naturellement, le Maroc est devenu le pays incontournable de la Méditerranée occidentale. Il est devenu même plus, grâce aussi à son développement économique, l’amélioration de ses infrastructures, l’aéroport de Casablanca comme hub africain, la place financière de Casablanca, l’installation de métiers mondiaux; il a acquis le statut de puissance régionale.

Le refus de l’administration démocrate de revenir sur la décision de Donald Trump de reconnaître la marocanité du Sahara est éloquent quant à la confiance dans le Maroc, et l’éventualité d’un axe Washington-Rabat pour l’Afrique et le Moyen-Orient est désormais envisageable. Nouvelle situation qui ne sied pas, bien sûr, à nos «alliés» traditionnels, habitués à notre gentillesse et à notre fidélité, et qui se sont empressés de montrer leur mauvais visage quand leurs intérêts ont été menacés. L’Allemagne, dépitée d’avoir parié sur le mauvais cheval, l’Algérie, veut rattraper son erreur aux dépens du Maroc. Quant à la France et l’Espagne, elles se sont toujours méfiées du Maroc. Vieilles nations jalouses de son indépendance, ayant perdu partiellement la main sur le dossier du Sahara, elles cherchent le moyen de maintenir leurs chantages.

Le nouveau statut du Maroc, puissance régionale, requiert de notre diplomatie un surcroît d’efforts pour atteindre son plein développement, sa maturité. Le Roi a été très clair: il ne s’agit pas pour le Maroc de remettre en cause ses relations politiques, économiques et culturelles avec nos deux principaux partenaires, la France et l’Espagne. Trop d’intérêts sont en jeu. Est-ce une raison pour reconduire les vieux schémas de nos relations mutuelles? Les deux parties reconnaissent que ce n’est plus possible. Dans un monde multipolaire, le Maroc est bien parti pour établir plusieurs partenariats stratégiques lui permettant de mettre à profit son positionnement géostratégique, ses atouts en termes de réseaux, de qualité des services, d’infrastructures et de logistique.

La diplomatie est à l’image d’un pays. Si nous sommes bons en stabilité, sécurité et attractivité, le niveau de développement économique est à améliorer sérieusement. Le Maroc a pris de sérieuses longueurs d’avance sur l’Algérie et la Tunisie, en termes de stabilité politique, sécuritaire, économique, d’organisation et d’attractivité des territoires (investissement). Au rythme actuel, notre PIB va dépasser légèrement celui de l’Algérie en 2025-2026 avec moins d’habitants. Avec un surcroît de volontarisme et de dynamisme, nous pouvons faire mieux.

Le Nouveau modèle de développement proposé au Roi demeure, de l’avis de plusieurs experts, timoré dans ses ambitions, surtout quant à la capacité du Maroc à attirer de nouveaux métiers issus de la relocalisation en cours et des investissements supplémentaires dus à l’amélioration de notre compétitivité dans les métiers mondiaux. Participer à la réalisation d’une grande ambition, faire du Maroc la puissance régionale afro-méditerranéenne dans la prochaine décennie, résoudre le problème du Sahara, renforcer notre leadership africain, conquérir de nouveaux marchés, attirer de nouveaux investisseurs, réduire les dérèglements climatiques, œuvrer pour la paix… Voilà quelques pistes/chantiers qui sont proposés à notre diplomatie.

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