Pourquoi la FIFA a-t-elle accepté de coorganiser une compétition qui va clairement à l’encontre de ses règles d’éthique?
La Coupe arabe de la FIFA 2021 se tient depuis le mardi 30 novembre au Qatar. Cette compétition a vu le jour en 1963 au Liban, sous le nom de «Coupe arabe des nations de football» et était organisée par l’Union des associations arabes de football (UAFA). Mais après deux autres éditions, en 1964 (Koweït) et 1966 (Irak), la compétition s’arrête pendant plusieurs années. Elle est ensuite remplacée par la «Coupe de Palestine des nations de football», d’abord en 1972 (Irak), puis 1973 (Libye) et 1975 (Tunisie). Une fois de plus, silence radio.
Il faut attendre jusqu’en 1985, en Arabie saoudite, pour voir le retour de la «Coupe arabe des nations de football». S’ensuivent les éditions de 1988 (Jordanie), 1992 (Syrie), 2002 Koweït) et 2012 (Arabie saoudite). Après cette dernière édition, remportée par les Lions de l’Atlas, la compétition disparaît une fois de plus. Et 9 ans plus tard, elle refait surface, suite à son adoption par la Fédération internationale de football association (Fifa).
C’est une première. La FIFA a toujours été contre les championnats ethniques, ne reconnaissant pas, d’ailleurs, l’UAFA. Mais voilà qu’elle a décidé de coorganiser, avec la Qatar Football Association, la Coupe arabe sous le nouveau nouveau nom «FIFA Arab Cup». Pourtant, selon le site internet de l’instance dirigeante du football mondial, la région «Monde arabe» inclut plusieurs autres groupes ethniques: Amazighs, Kurdes, Araméens, Coptes… Il semblerait donc que Gianni Infantino et compagnie n’accordent pas autant de valeurs à ces groupes.
La pilule passe mal, et la Fifa fait l’objet de critiques, de nombreux militants, notamment berbères, dénonçant une «décision totalement contradictoire avec ses propres règles d’éthique». Certains estiment que ce «championnat ethnique» encourage la discrimination et le racisme envers les différents peuples autochtones de la région, tandis que d’autres appellent à des poursuites judiciaires contre la Fifa pour violation des droits culturels de ces peuples.
Comment la Fifa, qui crie sur tous les toits qu’il faut s’unir contre toutes les formes de discrimination, a-t-elle pu «dénigrer» des groupes ethniques souvent majoritaires dans leurs pays? Pourquoi organiser une compétition dont le caractère va clairement à l’encontre de ses principes? Cette situation nous fait penser à l’idée selon laquelle «il y a des choses qui ne s’achètent pas, mais pour le reste, il y a les pétrodollars». Quoi qu’il en soit, la FIFA Arab Cup se poursuit, sans être inquiétée, jusqu’au 18 décembre 2021.
