Face aux appels à rouvrir les frontières marocaines, notamment d’experts et d’acteurs de premier plan de la lutte contre la Covid-19, que va faire le gouvernement marocain?
Les appels d’experts à la réouverture des frontières marocaines se multiplient ces derniers jours. C’était le cas samedi dernier de Tayeb Hamdi. Dans un post Facebook, le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé avait souligné que «l’accès au territoire national de citoyens marocains ou d’étrangers complètement vaccinés et munis d’un test PCR négatif est moins risqué sur le plan épidémiologique que le comportement de personnes non vaccinées ou pas complètement, qui n’adhèrent pas aux mesures préventives». Selon lui, les autorités devraient lever la suspension des vols de et vers le Maroc conformément à «l’approche marocaine réussie, proactive et anticipative basée sur la prise de décisions fondées sur les données scientifiques».
Un autre expert lui a emboîté le pas dimanche 16 janvier 2021. Dans un post Facebook également, Azeddine Ibrahimi, directeur du Laboratoire de biotechnologie à la faculté de médecine à Rabat, a évoqué les raisons de rouvrir les frontières nationales. Celui qui est également membre du Comité scientifique et technique de la Covid-19 a notamment rappelé que la fermeture des frontières avait pour but de «retarder l’arrivée du variant Omicron au Maroc» et «gagner du temps pour connaître toutes les spécificités de cette nouvelle souche et bien se préparer pour y faire face», pas d’empêcher l’arrivée du nouveau variant, puisque la Covid-19 a toujours réussi à traverser les frontières.
Ibrahimi explique que si le Maroc subit encore la nouvelle vague, accélérée par Omicron, ce dernier est moins virulent et moins létal que son aîné Delta. L’expert en veut pour preuve les données d’une récente étude américaine, selon lesquelles les personnes infectées par Omicron ont 53% moins de chances d’être hospitalisées que celles atteintes de Delta, de même qu’elles courent 74% moins de risques d’aller en réanimation. Enfin, les risques de décès sont également réduits de 91% par rapport à Delta. Il est donc préférable, à l’instar de plus en plus de pays dans le monde, d’aller vers la coexistence avec la pandémie, plaide Ibrahimi, qui soutient que les voyageurs vaccinés venant de l’étrangers ne sont pas plus menaçants que les Marocains non vaccinés.
De son côté, l’épidémiologiste Jaâfar Heikel a évoqué la réouverture des frontières marocaines dès le vendredi 14 janvier. «Le terrain confirme que la fermeture des frontières n’a pas empêché Omicron de se diffuser à vitesse grand V. Les confinements n’ont pas eu les résultats escomptés», a-t-il tweeté, insistant que les mesures barrières, le dépistage, la vaccination et les traitements anti-Covid-19 constituent le «package optimal». Et de préciser: «Les mesures sont à adapter sans excès.»
Sens unique
Ainsi, face à la multiplication des appels à rouvrir les frontières marocaines, notamment d’experts et d’acteurs de premier plan de la lutte contre la Covid-19, que va faire le gouvernement marocain? Rappelons qu’en réponse à la propagation rapide du variant Omicron, la suspension des vols directs de passagers en provenance et à destination du Maroc est entrée en vigueur le 29 novembre 2021 pour deux semaines, avant d’être prorogée à une date ultérieure. Puis, le 24 décembre dernier, elle a été prolongée encore une fois jusqu’au 31 janvier 2022.
En attendant un éventuel dénouement, les vols spéciaux au départ du Maroc se poursuivent. A ce propos, Royal Air Maroc a annoncé dimanche que ces vols «soumis à autorisation exceptionnelle» continuent d’être programmés jusqu’au 31 janvier 2022, et ce, à destination de 9 pays: Belgique, Canada, Côte d’Ivoire, Espagne, USA, France, Italie, Sénégal et Turquie. De leur côté, EgyptAir et Tunisair ont programmé des vols spéciaux pour rapatrier leurs compatriotes bloqués au Maroc vers l’Egypte et la Tunisie. La compagnie aérienne égyptienne, en particulier, transportera également des Marocains et des étrangers.
Quid du dispositif de rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger, suspendu depuis le 31 décembre 2021? Toujours rien à ce propos de la part des autorités. Entretemps, de nombreux Marocains restent bloqués hors de leur pays, attendant d’être «délivrés» par une annonce du gouvernement.
