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« L’Algérie nouvelle », du pur bluff selon le chercheur algérien Saïd Oukaci

« L’Algérie nouvelle », du pur bluff selon le chercheur algérien Saïd Oukaci

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« L’Algérie nouvelle », promise par le régime en place, est synonyme de répression de l’opposition et d’interdiction de la pluralité, a dénoncé le chercheur algérien Saïd Oukaci.

« A l’heure actuelle, le pouvoir est entre les mains d’une poignée de responsables (Toufik Mediene, Khaled Nezzar) dans l’ombre et ceux qui exécutent leurs ordres aux devant de la scène (Tebboune, Chenegriha…) », a-t-il expliqué dans un article sous le titre « Algérie nouvelle: museler l’opposition, interdire la pluralité… », paru sur « le Matin d’Algérie ».

Selon lui, « la stratégie actuelle du pouvoir est de museler l’opposition, interdire toute expression qui n’est pas en adéquation avec sa vision du monde ».

Il souligne qu’en fin de compte, ce que veut le pouvoir est de rester en place aussi longtemps que possible et ne trouver aucune opposition, expliquant que ces responsables veulent acheter le silence des consciences par la force en emprisonnant les opposants au discours ambiant ou en corrompant les consciences en leur faisant admettre la légitimité de leur présence et maintien au pouvoir.

Il estime que leur préoccupation principale est de se maintenir aussi longtemps que possible au pouvoir pour en bénéficier des avantages que celui-ci procure, pour en faire profiter leur entourage et surtout pour ne pas se retrouver en position inférieure et être renversés et gagner la case prison comme ils l’ont fait à leurs coéquipiers d’hier.

« L’autre préoccupation est pas des moindres, est de maintenir en respect cette société civile qui tente vaille que vaille de s’organiser et demander une alternative plus ouverte. Cette société qui a renversé Bouteflika et qui porte le nom du Hirak », a-t-il précisé.

Il fait savoir que pendant ce temps, les stratèges du pouvoir travaillaient à saper cette dynamique sociale en étudiant les stratégies les plus pertinentes pour museler les voix dissidentes.

Dans ce sens, il dénonce la vague d’arrestations qui a visé, pour délit d’opinion, notamment des journalistes, des étudiants, des activistes politiques, de simples citoyens et hommes de lettres et, pour finir il y a quelques jours, des youtubeurs et des influenceurs sur les réseaux sociaux.

Toute cette dynamique a une finalité : fermer l’espace public à l’expression de la différence, l’expression des voix discordantes qui contredisent le discours officiel, et enfin de compte interdire l’énonciation d’un autre discours, a-t-il déploré.

D’après ce chercheur, l’interdiction de toute autre énonciation par une instance régissante (le pouvoir en place) concourt à présenter cette dernière comme illégitime.

Ecarter de l’espace social toute autre forme d’expression déviante, soit en bridant l’opposition politique qui est réduite à sa plus simple expression ou en emprisonnant tout émetteur d’un discours différent, est la ligne directrice du pouvoir en place, s’indigne-t-il.

Il précise que le retour des hommes forts de la décennie noire, qui a fait des dizaines de milliers de morts, est la trouvaille du pouvoir, qui a procédé à « la recherche d’un ennemi commun autour duquel il fallait un soutien de l’opinion et un consensus pour l’abattre ».

A cet égard, il rappelle les tentatives menées pour diaboliser la Kabylie, cette région frondeuse « qu’on avait provoquée en 2001 pour qu’elle commette l’irréparable et trouver de surcroît l’occasion de la présenter comme l’ennemi des autres régions qui ont une autre pratique linguistique ».

« On a tenté d’allumer le feu de la discorde cet été en assassinant le jeune Djamel Bensamail en terre kabyle entre kabyles et arabophones », dénonce-t-il, relevant que « cela n’a pas abouti heureusement ».

Il relève que le régime algérien s’est ensuite « tourné vers le Maroc » en tentant de le diaboliser et lui imputer toutes les souffrances des Algériens.

« Nous l’avons diabolisé, nous lui avons imputé toutes nos souffrances actuelles et nos déconvenues. Nous avons rompu nos relations. Nous avons coupé le gaz pensant le faire souffrir et lui faire subir les affres de l’hiver. Cela n’a pas pris pour l’instant », précise-t-il.

Le chercheur déplore aussi le recours à des élections locales ou nationales dont la portée et la possibilité de changer l’état des choses sont limitées, estimant que cela donne aux participants un simulacre de pouvoir bien que les grandes décisions leurs soient hors de portée.

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