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Gestion de l’eau au Maroc: investissements lourds, dessalement… le plan Marshall de Nizar Baraka

Gestion de l’eau au Maroc: investissements lourds, dessalement… le plan Marshall de Nizar Baraka

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Le ministre de l’Equipement et de l’eau, Nizar Baraka, a détaillé vendredi les actions du gouvernement pour une meilleure gestion de l’eau.

Pays principalement désertique bordé à l’ouest et au sud par l’océan Atlantique et au nord par la mer Méditerranée, le Maroc entretient un lien spécial avec l’eau. Le savoir-faire multimillénaire de ses agriculteurs, l’irrigation, les oasis, ainsi que les méthodes à la pointe de la technologie tels que le dessalement et la construction de barrage, sont quelques-unes des preuves de ce lien. Mais le royaume fait actuellement face à un déficit hydrique au niveau de certains de ses bassins, de même qu’à un ralentissement dans sa politique de dessalement. Une situation due aux changements climatiques et à la baisse des précipitations, mais également au retard dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de l’eau.

Cela va changer. Dans une interview à la MAP, le ministre de l’Equipement et de l’eau, Nizar Baraka, a détaillé vendredi les actions du gouvernement pour une meilleure gestion de l’eau. Parmi celles-ci, le plan d’urgence 2021-2022 pour garantir l’approvisionnement en eau potable dans les bassins hydrauliques de la Moulouya, de l’Oum Er Rbia et du Tensift, auquel un budget de 2,42 milliards de dirhams (MMDH) a été alloué. Outre cette enveloppe, a précisé le ministre, près de 1 MMDH a été programmé au titre de la période 2020-2021.

Dans les détails, Baraka a noté qu’en dépit des efforts fournis et du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027, certains bassins souffrent d’un déficit hydrique. C’est le cas du bassin de la Moulouya (Oujda et l’Oriental), qui a enregistré une baisse du taux de remplissage qui ne dépasse pas les 11%. Pour faire face à ce déficit hydrique, le ministre a annoncé la mise en place d’un programme d’une enveloppe de 1,3 MMDH visant à mobiliser l’ensemble des moyens hydriques possibles, à travers notamment la prospection de nouvelles eaux souterraines ou encore le lancement d’un programme de dessalement de l’eau à Nador. Il a été également procédé dans ce cadre à la mise en place de nouveaux barrages collinaires pour le bassin de la Moulouya, a -t-il dit, annonçant la réalisation dans le futur de 11 barrage collinaires.

Baraka a souligné également que le bassin de Tensift connaît un déficit en eau avec un taux de remplissage de 34%, faisant remarquer, à cet égard, que la ville de Marrakech souffre elle aussi d’une problématique de l’eau ce qui a nécessité la mobilisation de 20 Mm3 depuis un barrage en vue de garantir l’approvisionnement en eau pour cette ville. En outre, des efforts ont été déployés pour résoudre le problème de «vol de l’eau» de la région et celui du rendement des canaux d’eau qui enregistraient des pertes allant de 40% à 60%.

Une approche «rationnelle» basée sur la gestion intégrée de l’eau

Aussi, le ministre a annoncé le lancement dans les semaines à venir du grand projet de dessalement de l’eau à Casablanca de 300 Mm3. La liaison de Casablanca nord à Casablanca sud a contribué à réduire la pression sur le barrage d’El Massira, a-t-il relevé, ajoutant que pour le bassin de Bouregreg, il y aura recours au barrage de Sidi Mohammed Ben Abdallah. Et il sera, par ailleurs procédé à la réalisation de barrages collinaires dans le bassin d’Oum Er Rbia, outre la garantie d’une gestion intégrée de l’eau pour la nappe phréatique dans la région de Berrechid, a fait savoir le ministre, faisant état de la conclusion de contrats dans cette zone agricole importante pour satisfaire les besoins en eau mais pas au détriment de l’eau potable.

Outre ces programmes à caractère urgent, le ministre a annoncé le lancement cette année d’un programme composé de 120 barrages collinaires et qui devra prendre fin en 2024, notant que les barrages collinaires jouent un rôle important dans la lutte contre les innodations outre la garantie de l’eau pour le bétail et l’alimentation de la nappe phréatique. Dans ce sens, le ministre a alerté sur l’exploitation excessive de la nappe phréatique, faisant savoir que la ville de Berrechid à elle seule connait l’épuisement de 2 m3 de la nappe phréatique annuellement, et la région d’Al Houz avec 1,5 m3, soulignant la nécessité de faire face à cette réelle problématique de manière « rationnelle » basée sur la gestion intégrée de l’eau ainsi que l’usage responsable de l’eau et la gestion de la demande.

Baraka a, par ailleurs, affirmé que le Maroc dispose de grands atouts pour procéder au dessalement de l’eau à moindre coût. Il est question actuellement, à travers la nouvelle stratégie de son département, de s’atteler sur le dessalement de l’eau, mettant en avant les deux façades maritimes dont jouit le Maroc, a-t-il indiqué.

Le ministre a également cité les acquis du Maroc dans le domaine des énergies renouvelables aussi bien solaires que éoliennes, qui seront à même de garantir le dessalement de l’eau à moindre coût.  Il a annoncé, à cet égard, le lancement d’importantes stations dans les régions du Sud (Laâyoune et Sidi Ifni), soulignant que la nouvelle expérience dans le cadre d’un partenariat public-privé dans la région de Chtouka Ait Baha est de nature à garantir l’approvisionnement en eau potable au niveau d’Agadir et d’appuyer le secteur agricole à travers l’irrigation de plusieurs hectares de terrains agricoles.

Il sera également procédé au lancement du projet de Dakhla à travers l’exploitation de l’énergie éolienne pour le dessalement de l’eau, ce qui permettra d’assurer l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation de grandes superficies agricoles sans avoir recours à la nappe phréatique, a relevé Baraka. Ainsi, le niveau actuel de la nappe phréatique sera maintenu au moment que l’usage de l’eau dans le secteur agricole sera garanti ce qui contribuera à l’amélioration des revenus des petits et moyens agriculteurs dans ces régions, a-t-il dit.

Et de souligner que l’ensemble des villes touristiques s’orientent vers ce procédé à l’instar de la ville de Casablanca qui a vu cette année le lancement de son projet en la matière, précisant qu’il sera procédé au dessalement de l’eau, dans cette ville, à l’horizon 2026-2027, ainsi qu’à Safi (2025) et à Nador. Dans ce cadre, le ministère ambitionne de mettre en place un total de 20 stations de dessalement de l’eau, a fait savoir Baraka.

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