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Elections 2021: les huit partis politiques qui comptent au Maroc

Elections 2021: les huit partis politiques qui comptent au Maroc

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Au Maroc, le régime politique est multipartite. Ainsi, les formations politiques structurent le jeu politique tant au niveau territorial qu’au niveau parlementaire. Ils concourent à l’expression de la volonté des électeurs et participent à l’exercice du pouvoir. Qui sont-ils?

L’émergence des formations politiques marocaines s’est opérée à travers une histoire sinueuse, complexe et mouvementée. «Enfants du suffrage universel», ils sont devenus, au fil du temps, une réalité familière dans le Maroc d’aujourd’hui. En effet, certains d’entre eux ont participé à la lutte contre le colonisateur. A l’approche des élections prévues le 8 septembre 2021, quelles sont les huit forces en présence sur la scène politique marocaine?

Parti justice et développement (PJD)

Le PJD est le fruit de l’alliance du Mouvement populaire démocratique constitutionnel (MPDC), créé en 1967 par Abdelkrim Khatib, ex-médecin de Mohammed V et ex-ministre des Affaires africaines et de la Santé publique, et des membres du Mouvement unité et réforme (MUR) qui ont rejoint le parti en 1996. Matrice du futur PJD, le MUR est né de la fusion du Mouvement pour la réforme et le renouveau, créé en 1992 par Abdelilah Benkirane et la Ligue de l’avenir islamique, créée en 1994 par Ahmed Raïssouni, actuel président de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM).

En 1997, la formation adopte le nom Parti de la justice et du développement, et ce, à la suite d’une assemblée générale durant laquelle Khatib est élu secrétaire général, et Saad Dine El Otmani son adjoint. Embrassant l’idéologie islamiste et intégriste, le PJD se considère comme proche du Parti turc AKP, au pouvoir depuis 2002.

Détenant 11 sièges au Parlement après les législatives de 1997, le PJD devient, en 2002, le premier parti de l’opposition avec 42 sièges. En 2007, il arrive à la deuxième place lors des législatives avec 46 sièges, mais préfère rester dans l’opposition. 2011 est un tournant important pour le parti, qui remporte une victoire historique, avec 107 députés sur un total de 395 sièges. Son secrétaire général Abdelilah Benkirane est alors nommé chef du gouvernement par le roi. Mais avec seulement 27% des sièges à la Chambre basse, le parti doit se résoudre à former un gouvernement de coalition. Le PJD est par la suite reconduit à la tête du gouvernement à l’issue des élections législatives de 2016 grâce à ses 125 sièges.

Rassemblement national des indépendants (RNI)

Les origines du RNI remontent à l’année 1978, lorsque certains élus au Parlement sans appartenance politique décident de se rassembler au sein d’un cadre organisé. En octobre de cette année, ils obtiennent la légitimité politique en le RNI, présidé par Ahmed Osman, ex-Premier ministre (1972-1779) et beau-frère du roi Hassan II. Se basant sur la social-démocratie comme référence et identité politiques, le RNI est considéré comme un parti «administratif», en raison de sa création par une personnalité non-partisane de premier plan, ainsi que de sa proximité avec l’agenda royal de l’époque.

Le RNI est représenté au Parlement depuis les législatives de 1977 (144 sièges sur 267). En 1984, le parti remporte 61 sièges sur 306 et Ahmed Osman est élu président de la Chambre des représentants. Le parti de la colombe devient ensuite la première force politique aux élections de 1993 en remportant 34 sièges, mais décide de ne pas faire partie du gouvernement, se contentant d’un soutien monétaire au Parlement. En 1997, le RNI remporte 50 sièges à la Chambre des représentants, ce qui en a fait le plus grand parti à participer en 1998 au gouvernement dirigé par le socialiste Abderrahmane Youssoufi.

En 2002, les Indépendants obtiennent la quatrième place aux premières élections de la nouvelle ère politique, faisant ainsi partie de la coalition au sein du gouvernement. En 2007, ils remportent 39 sièges sur 325. Mais en 2011, avec 52 sièges sur 325, ils sont choisis dans l’opposition, mais finissent par rejoindre la coalition gouvernementale, le 2 août 2013, après le retrait du parti de l’Istiqlal. Enfin en 2016, les Indépendants remportent 37 sièges aux élections législatives, et en octobre de la même année, Aziz Akhannouch est élu président du parti, succédant à Salaheddine Mezouar.

Parti authenticité et modernité (PAM)

Le parti du tracteur a été fondé en 2008 par Fouad Ali El Himma, conseiller du roi Mohammed VI, et d’autres personnalités politiques issues de différents courants idéologiques. La raison principale derrière sa création était de contrecarrer le PJD.

Le PAM est l’émanation de la fusion du Mouvement pour tous les démocrates (MTD), créé en janvier 2008, et le groupe parlementaire «Authenticité et modernité», créé à l’initiative d’El Himma et qui regroupait 36 députés. Parmi ces derniers, 27 appartenaient aux cinq partis qui se sont alliés le 7 août 2008 pour former le parti du tracteur, à savoir Al Ahd de Najib Ouazzani, le Parti national démocratique (PND) d’Abdellah El Kadiri, le Parti de l’environnement et du développement (PED)  d’Ahmed Alami, l’Alliance des libertés (ADL) d’Ali Belhaj et l’Initiative citoyenne pour le développement (ICD) de Mohamed Benhamou.

Le PAM est arrivé quatrième lors des législatives de 2011 avec 47 sièges au Parlement sur 395. Et durant les élections législatives de 2016, le parti a obtenu 102 sièges, arrivant deuxième.

Union socialiste des forces populaires (USFP)

L’USFP est l’un des plus grands partis de la gauche marocaine. Ses origines remontent à 1959, suite à la scission de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), fondée par Abderrahmane El Youssoufi, Mehdi Ben Barka et Abdellah Ibrahim, du Parti de l’Istiqlal (PI). Bénéficiant du soutien de l’unique centrale syndicale de l’époque, à savoir l’Union marocaine des travailleurs (UMT), l’UNFP est considérée comme un large mouvement où se rejoignent anciens de l’Armée de libération nationale, ouvriers, paysans, étudiants, intellectuels, cadres…

En 1973, après les événements de Moulay Bouazza, l’UNFP est exclue de la scène politique marocaine. Mais, deux ans plus tard, à la suite de pourparlers entre certains dirigeants et le pouvoir, la formation est rebaptisée Union socialiste des forces populaires (USFP) pour pouvoir revenir sur la scène politique. Le congrès constitutif de l’USFP marque un grand tournant dans l’histoire du parti, car il signe l’abandon de «l’option révolutionnaire» au profit du «choix de la lutte démocratique». Abderrahim Bouabid est alors élu premier secrétaire du parti, qui se revendique de l’idéologie social-démocrate.

Aux législatives de 1977, l’USFP a remporté 15 sièges sur 240. En 1984, le parti arrive cinquième avec 36 sièges sur 306. En 1993, il remporte 52 sièges sur 333, avant d’arriver en tête durant les législatives de 1997 et de 2002, avec respectivement 57 sièges et 50 sièges sur 325. Mais à partir de 2007, la rose perd du terrain, et n’arrive à remporter que 38 sièges sur 325, 39 sièges en 2011 et 20 sièges en 2016 sur un total de 395.

Parti de l’Istiqlal (PI)

C’est le grand mouvement de libération arabo-islamiste fondé en 1943 par le militant nationaliste Allal El Fassi (son dirigeant jusqu’en 1974) avec le parrainage du futur roi Hassan II.

Parti démocrate, nationaliste mais plutôt conservateur, le PI est représentée au Parlement depuis les législatives de 1963 (41 sièges sur 144). Après les élections de 1970, il devient le troisième parti de l’opposition, avec 8 sièges sur 240. Il arrive, par la suite, à la deuxième place lors des législatives de 1977 avec 51 sièges sur 264, mais préfère former le gouvernement aux côté d’autres partis. En 1984, le PI rejoint à nouveau l’opposition, ayant remporté 41 sièges sur un total de 306 sièges.

De 1993 à 2011, le PI participe au gouvernement avec, respectivement, 52 sièges sur 333 (1993), 32 sièges sur 325 (1997) et 48 sièges sur 352 (2002). Le parti arrive premier lors des élections législatives de 2007 avec 52 sièges sur un total de 325, et occupe la deuxième place au scrutin de 2011 avec 60 sièges sur 395. Mais à partir de 2013, il quitte le gouvernement pour l’opposition. Aux dernière élections législatives, il est arrivé en troisième position, avec 46 sièges sur 395.

Parti du progrès et du socialisme (PPS)

Le PPS est considéré comme l’héritier légitime du Parti communiste du Maroc, fondé en 1943 et interdit en 1959, et du Parti de la libération et du socialisme (PLS), créé en 1969 et interdit quelques mois plus tard. Les deux partis, faut-il le noter, ont été fortement impliqués dans la lutte anticoloniale.

C’est en 1974 que le PLS change de nom pour devenir Parti du progrès et du socialisme (PPS) en se positionnant comme parti socialiste et ouvrier marocain. Dirigée par Ali Yata, la formation politique abandonne la doctrine communiste en 1995. Le parti demeure néanmoins de gauche avec une base électorale urbaine et cultivée, engagé, notamment, pour un Maroc pluraliste. Un Maroc d’idées, de démocratie et de progrès.

Le parti du livre a été un parti d’opposition durant les législatives de 1977, 1984 et 1993 avec, respectivement, 1 siège sur 264, 2 sièges sur un 306 et 10 sièges sur 333. Depuis les législatives de 1997, le PPS forme le gouvernement aux côtés des autres partis, après avoir remporté 9 sièges sur 325 en 1997, 11 sièges sur 325 en 2002, 17 sièges sur 325 en 2007, 18 sièges sur 395 en 2011 et 12 sièges sur 395 en 2016.

Mouvement populaire (MP)

Le roi Hassan II s’est appuyé sur cette formation pour contrer l’Istiqlal et l’USFP. A fort ancrage rural et à sensibilité amazigh, son programme est articulé autour de deux axes: la défense de la monarchie et la lutte contre «l’hégémonie» du Parti de l’Istiqlal (PI).

Fondé en 1957 par Mahjoubi Ahardane en tant que prolongement politique du projet de la résistance et de l’Armée nationale de libération, le MP a participé à plusieurs gouvernements avec un référentiel et une ligne politique basés sur le principe du pluralisme politique, linguistique et culturel.

Le parti de l’épi est arrivé premier pendant les législatives de 1963, avec 69 sièges sur 144, deuxième en 1970, avec 60 sièges sur 204, et troisième en 1984 et 1993 avec respectivement 44 sièges sur 264 et 47 sièges sur 306. Lors des législatives de 1993 et 1997, le parti de l’épi a occupé la quatrième place avec, respectivement, 51 sièges sur 333 et 40 sièges sur 325. Il a néanmoins reculé à la cinquième place durant les législatives de 2002 avec 27 sièges sur 325, troisième en 2007 avec 41 sièges sur 325, sixième en 2011 avec 32 sièges sur 395 et cinquième en 2016 avec 27 sièges sur 395.

Union constitutionnelle (UC)

Parti de droite, l’Union constitutionnelle a été fondée en 1983 par l’ex-Premier ministre Maati Bouabid, sur ordre du Palais. L’objectif était d’élargir l’assise populaire du pouvoir lors des élections de 1984.

C’est quasiment le seul parti qui a toujours eu un discours néolibéral sur les questions économiques. L’UC est restée dans l’opposition pendant quatre scrutins législatifs, à savoir ceux de 1997, 2002, 2007 et 2011. Mais en 2016, le parti quitte l’opposition et rejoint la majorité gouvernementale dirigée par Saad dine El Otmani.

Le parti du cheval est arrivé première lors des législatives de 1984 et celles de 1993 avec respectivement 83 sièges sur 306 et 54 sièges sur 333. L’UC, dirigée à l’époque par Mohamed Jalal Essaïd, s’est, cependant, effondrée aux législatives de 2002, avec 16 sièges contre 50 sièges en 1997. Il a ensuite repris du souffle en 2007, avec 27 sièges, avant de revenir à 23 sièges en 2011 et 19 sièges en 2016.

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