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Vidéo. Zouheir Lakhdissi, vice-président de Maroc Numeric Cluster: «Les leçons de l’affaire Pegasus»

Vidéo. Zouheir Lakhdissi, vice-président de Maroc Numeric Cluster: «Les leçons de l’affaire Pegasus»

Rejetant les allégations de Forbidden Stories et d’Amnesty International, selon lesquelles Rabat a eu recours au logiciel d’espionnage Pegasus, l’expert en technologies mobiles et digitales Zouheir Lakhdissi nous en dit plus. 

Pour Zouheir Lakhdissi, le scandale Pegasus est un coup de bluff monté de toutes pièces, et la salve médiatique contre le Maroc est exagérée. L’expert en technologies mobiles et digitales ajoute que de nombreux Etats utilisent des logiciels espions pour protéger leur sécurité intérieure et extérieure sans que rien ne les en empêche. Alors pourquoi ce scandale?

Ni9ach21: Tout d’abord, qu’est-ce que «Pegasus» et en quoi est-il dangereux?

Zouheir Lakhdissi: Pegasus est un logiciel espion. Ce dernier peut extraire l’ensemble des données contenues dans un téléphone, depuis les photographies ou les carnets d’adresses jusqu’aux messages échangés sur des applications. Il est dangereux car c’est un virus invisible pour l’utilisateur du téléphone, et il peut être installé à distance sans autorisation préalable de l’utilisateur, sans que la cible ait besoin de cliquer sur un lien infecté, et en toute discrétion. Le logiciel peut s’activer à travers un appel ou un simple message reçu sur le téléphone de l’utilisateur.

Pegasus s’appuie sur des failles de sécurité dans les systèmes d’exploitation des smartphones et insère un code dans l’appareil de l’utilisateur sans que ce dernier n’agisse d’aucune façon afin de transmettre toutes les données à la partie concernée.

Ce n’est pas la première technologie d’espionnage «zéro click», car il existe plusieurs procédés similaires. Mais Pegasus a reçu beaucoup d’attention car il a déjà été au cœur de plusieurs affaires telles que celle de l’espionnage du patron d’Amazon par un pays, et l’affaire du journaliste Jamal Khashoggi, entre autres.

Pegasus est utilisé par de nombreux pays pour lutter contre le terrorisme et d’autres crimes. Quid du Maroc?

D’abord, Pegasus permet les écoutes clandestines. Ensuite, chaque Etat a ses justifications d’utilisation.

Tous les pays du monde ont leurs propres services de renseignement. Ces derniers ont pour principale mission d’espionner les personnes jugées dangereuses pour l’ordre public. Maintenant, en ce qui concerne les utilisations possibles et connues de Pegasus, c’est un logiciel qui permet de lutter contre le terrorisme, le crime, le viol, mais ce qui le rend aussi scandaleux, c’est son usage pour espionner des militants, des journalistes et des opposants.

Toutefois, soyons logiques. Du point de vue juridique, tous les Etats ont le droit d’intercepter les communications téléphoniques. Au Maroc, il s’agit d’une procédure judiciaire, ne nécessitant pas Pegasus. Elle est ordonnée par le procureur du roi afin de mettre sur écoute des personnes spécifiques, et c’est un moyen légal pour lutter contre le terrorisme et la criminalité.

De nombreux pays sont impliqués dans des affaires d’espionnage sans pour autant figurer dans aucun rapport. Mais pourquoi cela devient-il scandaleux dès qu’il s’agit d’un pays comme le nôtre?

En effet, tous les Etas s’espionnent, et ce scandale autour de l’affaire Pegasus est exagéré. Le Maroc est pris pour cible. Car s’il avait été accusé d’espionnage contre l’Algérie et vice-versa, cela aurait été vu comme «normal» et «logique». Mais puisque certaines personnalités, dont des chefs d’Etat, sont concernés dans cette affaire, tout change… Cela revient à dire qu’il y a deux poids, deux mesures dans cette affaire.

Premièrement, tous les pays ont le droit d’accéder aux technologies d’espionnage dans le cadre de la protection de leur sécurité interne et externe. Deuxièmement, rien n’empêche un Etat d’utiliser des logiciels espions, car si c’était le chef du gouvernement marocain qui avait été espionné par la France, ce scandale n’aurait pas eu autant d’écho médiatique. D’ailleurs, l’espionnage est au cœur du métier des renseignements, c’est une chose très répandue.

Mais la question qui devrait être posée, c’est que, jusqu’à présent, ces logiciels sont acquis par des Etats, mais que va-t-il se passer s’ils tombent dans les mains de personnes ou d’organisations qui les exploitent à des fins inacceptables menaçant la vie privée des personnes ?

Les personnes espionnées dans l’affaire Pegasus peuvent se protéger grâce à des logiciels ultrasophistiqués. Qu’en est-il des simples citoyens?

A partir du moment où l’utilisation des technologies est devenue répandue, nous ne sommes plus en sécurité, et il faut en prendre conscience, car les informations sont précieuses. Prenons l’exemple des cartes bancaires ou les données contenues sur un téléphone. L’espionnage pourrait être orchestré par des sociétés privées qui envoient des publicités à la personne selon les centres d’intérêts.

Aujourd’hui, les opérateurs téléphoniques savent beaucoup de choses sur la personne que la personne elle-même ignore. De nombreuses célébrités cachent la caméra de leurs téléphones car elle est comme un œil. Par ailleurs, il existe des logiciels non sophistiqués et faciles à utiliser qui peuvent être mal exploités et porter atteinte à la vie privée.

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