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Vidéo. Abdelhay Bennis (ép. 2): quand des députés ont été interdits d’accès au Parlement

Vidéo. Abdelhay Bennis (ép. 2): quand des députés ont été interdits d’accès au Parlement

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Dans ce deuxième épisode de la série de témoignages qu’apporte Abdelhay Bennis, mémoire vive du Parlement, l’auteur nous replonge dans les années 1980-1990 de la vie de l’hémicycle. Au menu: les relations entre le gouvernement et le Parlement de l’époque, les députés fantômes et bien d’autres anecdotes.

Simple chaouch au départ, puis aujourd’hui historien en chef de la vie parlementaire marocaine, Abdelhay Bennis était aux premières loges s’agissant des événements les plus marquants de la vie de l’hémicycle. Pour ce deuxième épisode, il en relate trois, riches en enseignements.

Driss Basri: «Arrêtez-moi cette mascarade!»

Nous sommes en 1990. La tension entre le gouvernement et l’opposition de l’époque est à son comble et une motion de censure est présentée par cette dernière. Le président de la Chambre des représentants, Ahmed Osman, tente de calmer les choses en décidant de procéder directement au vote de cette motion, sans passer par le débat. Mal lui en a pris. Député de l’Istiqlal à l’époque, feu Mohamed El Ouafa a marqué son opposition à cette mesure et menacé, au même titre que 14 autres députés, de se retirer du vote.

Driss Basri, ministre de l’Intérieur de l’époque, était aussi présent. En colère, il envoie séance tenante une missive à Ali Yata du Parti du progrès et du socialisme (PPS), dans laquelle on pouvait lire: «Arrêtez-moi cette mascarade!» Un compromis est tout de suite trouvé: donner la parole non pas aux 15 députés récalcitrants, mais à 5 d’entre eux. Un retrait aurait signifié qu’aucun dialogue n’était possible entre gouvernement et opposition, et même s’il allait jouer en faveur de cette dernière, il aurait été perçu comme un coup porté à la démocratie au Maroc. Et cela, les députés de l’époque en étaient conscients.

Quand des députés se sont vu refuser l’accès au Parlement

Le Parlement, ce sont aussi des us et coutumes auxquels nul n’a le droit de déroger. Et porter l’habit national traditionnel pour pouvoir assister à l’ouverture d’une session parlementaire donnée en fait partie. Bennis se souvient, à ce titre, d’un groupe de députés de l’Union socialiste des forces populaires qui ont décidé d’ignorer cette règle, en cours depuis l’adoption en 1979 d’une proposition de loi allant dans ce sens. Le résultat est qu’ils ont été interdits d’entrer dans l’enceinte du Parlement. Il aura fallu une intervention du président de la Chambre des représentants de l’époque, Dey Ould Sid Ahmed Baba, pour que le groupe de parlementaires soit autorisé à suivre la séance d’ouverture… à la télévision, dans le bureau du président du Parlement.

Quand le budget d’un ministère a été voté… par des parlementaire fantômes

Nous sommes en 1997 et la session du printemps du Parlement était achevée. Il n’y avait donc plus aucun parlementaire en activité. Mais il fallait voter le budget du ministère du Commerce extérieur, tenu à l’époque par Mohamed Alami (Mouvement populaire). Le ministre et son équipe se présentent au votre, mais en face, il n’y a personne. Une séance est tout de même ouverte, les débats sont lancés sans intervenant, le vote est effectué sans votant et le budget est adopté… à l’unanimité. «Un tel procédé m’a choqué au plus haut point puisque ce n’est pas comme cela que les intérêts des Marocains se défendent. Il aurait suffi que la session soit reportée à une date ultérieure, en présence des députés, pour sauver la mise», déplore Bennis.

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