En lecture
Records des contaminations au Covid-19 au Maroc: que faire?

Records des contaminations au Covid-19 au Maroc: que faire?

Tayeb-Hamdi-tribune-ni9ach21 (1)

La situation épidémiologique en relation avec le Covid-19 est des plus préoccupantes et le renforcement des mesures restrictives n’y changera rien. La solution est pourtant simple: une vaccination massive et l’impératif de respecter les mesures sanitaires.

Par Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.

Notre pays enregistre depuis quelques jours une véritable explosion des cas de contamination au coronavirus. En milieu de semaine dernière, soit le mercredi 28 juillet, pas moins de 9.428 cas ont ainsi été enregistrés. Un record suivi de bien d’autres, puisqu’en trois jours seulement, 1,5 million de Marocains ont été vaccinés et le nombre des tests PCR a atteint des niveaux inédits.

Que l’on ne s’y trompe pas: la situation épidémiologique est très inquiétante, même si elle demeure sous contrôle. Et fort est à parier que des chiffres encore plus effrayants, s’agissant tant des cas de contaminations, des cas graves, des décès que de la pression sur les structures, cadres et personnels de santé, sont à craindre. La raison n’est autre que le relâchement général observé en matière de mesures sanitaires et de prévention, au même titre que l’émergence de nouveaux variants du Covid-19, qui se propagent plus vite. Néanmoins, et grâce au vaccin, on peut d’ores et déjà se réjouir que le nombre de décès ne sera pas proportionnel aux contaminations, tel que cela a été constaté l’été dernier.

La population entièrement vaccinée au Maroc est désormais de l’ordre de 28% de la population globale, et 36% de l’ensemble des Marocains ont reçu, au moins, une première dose. Et au vu du rythme accéléré de la campagne de vaccination, ce sont les plus jeunes (et donc les plus importantes catégories de la population), soit les 25 ans et plus, qui sont dorénavant visés. Grâce à l’adhésion de la population, mais aussi à la bonne gouvernance ayant présidé à son organisation, cette campagne de vaccination a permis de protéger, en premier lieu, les plus vulnérables. 97% des 75 ans et plus sont vaccinés, les 60-74 ans le sont à hauteur de 95%, les 40-59 ans à hauteur de 70% et les 30-39 à hauteur de 40%, cette catégorie d’âge ayant été parmi les dernières à être ciblées.

Cette stratégie permet en effet de protéger les plus vulnérables d’entre nous et de réduire le nombre de cas nécessitant une hospitalisation ou des soins intensifs et de réanimation. Elle participe ainsi à réduire la pression potentiels sur les structures de santé et le nombre de décès.

L’analyse de la situation des pays ayant vacciné 50% de leur population, comme c’est le cas en Grande-Bretagne et en France, révèle que le nombre des décès enregistrés a baissé par 10 fois entre janvier dernier, date du début des campagnes de vaccination dans ces pays, et ce mois de juillet. Au Maroc, grâce à la jeunesse (et donc robustesse) de notre population et l’état d’avancement de la campagne de vaccination, on estime cette baisse du nombre de morts et des cas graves à 75%. Mais il faut toujours prendre en considération le fait que les variants entraînent forcément plus de cas, et donc plus de décès.

Pour maintenir les taux actuels, et maîtrisables, des cas graves de contamination au Covid-19 et des décès, nous avons deux options: réduire le nombre de cas de contamination, en maîtrisant davantage la propagation du virus à travers le renforcement des mesures sanitaires à l’échelle tant individuelle que collective, et élargir la campagne de vaccination au plus grand nombre puisque c’est également un moyen de prémunir la société.

Aujourd’hui, comme hier, nous ne pouvons pas faire l’économie des gestes barrières comme le port du masque, la distanciation sociale, la désinfection de nos mains. Tout comme il nous faut revenir à ces réflexes d’éviter les foules, d’aérer les espaces fermés, de reporter nos voyages et les regroupement non nécessaires. Autrement, les autorités publiques seront de nouveau dans l’obligation de décréter de nouvelles mesures restrictives.

Faire en sorte que notre système de santé ne s’effondre pas sous le poids de nouvelles contaminations nous appartient et est de notre ressort à tous. Il en va de même pour le maintien des activités économiques et de la dynamique sociale ainsi que du retour à la normale et de l’ouverture de nos écoles. Il est désormais inconcevable de revenir aux mesures décrétées à l’éclatement de la pandémie, alors que nous pouvons facilement éviter une telle catastrophe, pour peu que la vigilance et la vaccination soient, et restent, de mise.

Nous avons devant nous encore beaucoup de mois, et de variants du Covid-19, avant d’atteindre l’immunité collective. Mais si on maintient la garde, nous pouvons, d’ici là, préserver notre santé et cette dynamique de retour à la normale tout en évitant des mesures qui risquent de nous coûter cher économiquement et socialement. Faire fi de la vaccination et des gestes barrières pour des individus, ne pas tenir compte de leur importance ou tout simplement les négliger revient à nous replonger tous dans le scénario cauchemar du confinement, avec tous les drames sociaux et les impacts sur nombre de secteurs et, donc, d’emplois. Et c’est cela qu’il faut éviter à tout prix.

© Africa Times All Rights Reserved. Terms of Use and Privacy Policy

Inscrivez-vous à notre newsletter

Rejoignez notre liste de diffusion pour recevoir nos dernières informations

You have Successfully Subscribed!