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« Nouveau » gouvernement: on se réveille?

« Nouveau » gouvernement: on se réveille?

Tarik-Qattab-Ni9ach21-

Cela fait assez longtemps que le nouveau gouvernement est…nouveau. Les réformes, puisque c’est sur cela qu’il s’est engagé, se font toujours attendre et les grandes annonces, puisque c’est sur cela qu’il est attendu, tardent. Les priorités, pourtant claires et en tête desquelles figure la refonte des établissements et entreprises publics, semblent occultées à la faveur de mesurettes qui attisent le feu d’une colère populaire désormais palpable. Jusqu’à quand?

Sa victoire aux élections a été écrasante et d’aucuns en ont ressenti un grand soulagement, sentant un vent nouveau. Celui du changement positif, de l’accélération des réformes et de la sortie d’une crise qui n’a que trop duré et qui a été bénie par son prédécesseur. Les espoirs étaient grands, les attentes également et l’actuel Exécutif dégageait, dès sa prise des rennes de la chose publique, ce sentiment d’en être conscient. Son équipe a été constituée à grande vitesse, ses intentions dévoilées et son programme validé par nos élus. Mais depuis, plus rien ou presque. A croire que les espérances placées dans le nouveau gouvernement sont déjà en train de s’écrouler comme un château de cartes, et que celui-ci n’a fait justement que nous construire des châteaux, en Espagne.

Alors que la rue commence à gronder, que la cherté des prix a entamé ce bénéfice du doute dont le gouvernement Akhannouch a bénéficié d’entrée (et ce n’est pas rien au Maroc), que la gestion de mesures comme le pass sanitaire nous a renvoyés direct aux pires des cauchemars vécus sous l’équipe El Otmani, on nous bassine désormais avec des réformettes et des mesures à la limite de la décence, tellement les vrais enjeux sont ailleurs. L’âge limite pour accéder aux concours dans l’enseignement, alors que ce qui est attendu est une révolution dans notre système d’enseignement, est un exemple parlant.

Que dire alors de ce chantier titanesque qui attend nos établissements et nos entreprises publics, dont bon nombre est laissé en jachère, si ce n’est qu’il est l’objet d’une infinité de dysfonctionnements et de prédations? Qu’est-ce qui pourrait expliquer que ce volet n’a toujours pas droit de cité dans les programmes et actions du gouvernement, alors que les diagnostics quant à l’état piteux de certaines de nos entreprises publiques est clairement établi et largement détaillé? Au point que le pronostic vital de certaines institutions (vitales) comme Barid Al-Maghrib est engagé. Le tout est attesté dans des rapports comme celui accompagnant le projet Loi de finances 2022.

Ajoutons à cela que dans de nombreux discours, le roi Mohammed VI a appelé à cette réforme, nécessaire et incontournable, et dont dépend non seulement la réforme de pans entiers de notre économie, mais aussi la réussite du tant espéré Nouveau modèle de développement. Une politique publique efficace et efficiente, c’est cela aussi. C’est la capacité de nos pouvoirs publics à régler les signes constatés de mauvaise gouvernance et gestion, corriger les écarts, éviter les doublons et, pourquoi pas, effacer ce qui dépasse.

Riche du projet royal qu’est le Nouveau modèle de développement, le Maroc peut envisager l’avenir avec clarté d’esprit, courage dans l’acte d’entreprendre et confiance. Le projet d’Etat social est une réalité aujourd’hui, et les chantiers à même d’en constituer les piliers sont définis: une éducation et des services de santé de qualité pour tous, une égalité des chances, la libre entreprise et l’Etat de droit. Mais pour cela, il faut prendre le taureau par les cornes et, bonne charité commençant par soi-même, c’est à l’Etat de faire le ménage dans ses propres rayons. A commencer par ses entreprises.

Pourquoi donc semble-t-il y avoir de l’hésitation dans cette restructuration, pourtant lancée par l’ancien ministre des Finances, Mohamed Benchaaboun? Pourquoi l’actuelle ministre, Nadia Fettah Alaoui, dont les compétences managériales et l’esprit vif ne sont guère à prouver, regarde toujours ailleurs quand c’est la priorité de toutes les priorités? Redonner confiance aux Marocains, les rassurer en ces temps de grands doutes et de début de suspicion, c’est être en mesure de trancher dans le vif et mener séance tenante les vrais combats. Les effets de joliesse et de mignonnerie politique ont la vie courte. Et la récréation est d’ores et déjà terminée.

Ce gouvernement a de la chance que l’état des lieux (et il est désastreux) relatif à ce chantier soit déjà fait. La loi-cadre sur la réforme des EEP est déjà adoptée. L’agence en charge de la gestion des participations publiques est déjà créée. Et la feuille de route des actions pour le plein déploiement des instructions royales en la matière est tracée. La carte blanche accordée par les électeurs et couronnée par la confiance royale ne saurait être un chèque en blanc. Il faut donc y aller, de front. Les temps sont comptés, et 5 ans, ça passe vite. Très vite.

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