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Vidéo. Mouraja3ate, ép. 3: comment la réforme religieuse a échoué en terre d’islam

Vidéo. Mouraja3ate, ép. 3: comment la réforme religieuse a échoué en terre d’islam

Pour ce troisième épisode de son podcast «Mouraja3ate», Mohamed Abdelouahab Rafiqui explique les tenants et aboutissants des tentatives de réforme de la chose religieuse dans les pays musulmans.

Pour Rafiqui, les premières tentatives sérieuses de réforme religieuse en terre d’islam ont commencé vers la fin du 18e siècle, notamment suite à la campagne d’Egypte, menée par Napoléon Bonaparte. «Les musulmans découvrent alors combien ils étaient en retrait par rapport à la marche de l’Histoire et en marge de toute forme de civilisation, et ce, depuis le 12e siècle, époque à laquelle la pensée musulmane s’est figée et n’a plus rien produit de nouveau ou de novateur», explique le penseur et chercheur.

La question essentielle à laquelle les premiers réformateurs ont tenté de répondre était de savoir les raisons du retard de la civilisation musulmane par rapport à l’Occident. C’est ainsi que Mohamed Abdou et Jamal Eddine El Afghani ont été les premiers à appeler à une réforme de l’islam, en prenant comme référence le protestantisme chrétien. «Mohamed Abdou a, par exemple, installé une différenciation entre les musulmans (arriérés, NDLR) et l’islam qui, lui, était réformable. Il a dû faire face tant à ceux qui voulaient créer une séparation nette entre religion et Etat qu’à ceux qui plaidaient pour davantage d’enfermement de la religion», explique Rafiqui.

Il y a également les thèses d’Ali Abderrazak, qui a critiqué jusqu’au principe du califat et appelé à un Etat civil et à une séparation entre loi et charia. Mais ses théories ont fait l’objet d’une grande répression et sa pensée a été enterrée vive. Se sont ajoutées plus récemment les idées réformatrices de penseurs comme le Marocain Mohamed Abed Al-Jabri ou l’Algérien Mohammed Arkoun. Avec le même faible effet.

Pourquoi toutes ces tentatives de réforme ont-elles donc échoué? Pour Rafiqui, il y a d’abord eu le colonialisme, qui a renforcé le sentiment anti-Occident, le repli identitaire et le «retour» à la religion. Il y a ensuite l’absence d’émulation intellectuelle. «Si la réforme religieuse a réussi en Occident, c’est parce qu’elle est intervenue dans le contexte des Lumières. C’est loin d’être le cas dans nos contrées», ajoute le penseur. Sans parler de l’absence de démocratie en terre d’islam, la liberté de pensée et d’expression étant des préalables axiaux à tout débat autour de la religion.

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