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Tunisie: deux ministres limogés par le président, des législatives boudées

Tunisie: deux ministres limogés par le président, des législatives boudées

La présidence tunisienne a annoncé le limogeage des ministres de l’Agriculture et de l’Éducation, sans donner d’explications, dans un contexte de pénuries de produits de base, dont le lait, et de grèves sporadiques dans l’enseignement

À la surprise générale, le président tunisien Kais Saied a décidé « un remaniement partiel en nommant Mohamed Ali Boughdiri comme ministre de l’Éducation », lundi 30 janvier 2023 au soir, en remplacement de Fethi Sellaouti, a annoncé un communiqué de la présidence. Le ministre de l’Agriculture Elyes Hamza a été remplacé par Abdelmomen Belati, a ajouté la présidence.

Début janvier, le président avait déjà limogé la ministre du Commerce Fadhila Rebhi Ben Hamza et Fakher Fakhfakh, le gouverneur de Sfax, deuxième ville du pays, engluée depuis des mois dans une crise autour de la gestion de ses déchets.

La ministre du Commerce avait été le premier membre du gouvernement de Najla Bouden, formé en novembre 2021, à être limogé par le président Saied.

Les deux nouveaux limogeages interviennent dans un contexte de tensions politiques, le pays étant en proie à de profondes divisions depuis le coup de force du président Saied qui s’est arrogé tous les pouvoirs en juillet 2021.

Ils font immédiatement suite à un deuxième tour des élections législatives dimanche marqué par un taux d’abstention record avec seulement 11,4 % de participation, que beaucoup d’experts ont expliqué par un désintérêt d’une population focalisée sur ses problèmes économiques.

À près de 90 %, il s’agit de l’abstention la plus élevée depuis la Révolution de 2011 ayant renversé le dictateur Ben Ali et marqué l’avènement de la démocratie dans le pays.

« Il faut interpréter ce taux différemment. 90 % n’ont pas voté parce que le Parlement ne représente rien pour eux », a indiqué le président dans la vidéo, diffusée dans la soirée par la présidence.

Certains scrutins des 12 dernières années ont recueilli près de 70 % de participation comme les législatives d’octobre 2014, même si l’affluence avait reculé lors les élections les plus récentes.

Au total, « 895 002 personnes »ont voté sur 7,85 millions d’inscrits, a annoncé le président de l’autorité électorale Isie, Farouk Bouasker, soit 11,4 % sur la base de chiffres définitifs contre 11,3 % annoncés dimanche soir sur la base de données provisoires.

Bouasker a donné un autre taux de 14,6 %, prenant en compte uniquement « les inscrits volontaires » sur les listes électorales, soit 5,8 millions de personnes, les autres ayant été enregistrés automatiquement à leurs 18 ans.

La Tunisie est secouée par une crise financière qui s’est traduite ces derniers mois par des pénuries de nombreux produits de base – lait, sucre, riz, café — et un recul du pouvoir d’achat du fait d’une inflation supérieure à 10 %.

Au bord de l’asphyxie à cause d’un endettement avoisinant les 80 % du PIB, le pays est parvenu à la mi-octobre à obtenir un accord de principe du Fonds monétaire international (FMI) pour un nouveau prêt de 1,9 milliard de dollars mais attend encore son approbation définitive.

Le pays a aussi été agité ces derniers mois par plusieurs grèves dans les transports et dans l’éducation nationale, pour le paiement de primes et arriérés de salaires ou des régularisations de contrats précaires.

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