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Mali : le directeur des droits de l’Homme de la mission de l’ONU déclaré « persona non grata »

Mali : le directeur des droits de l’Homme de la mission de l’ONU déclaré « persona non grata »

Le directeur de la division des droits de l’homme de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) a été a été prié à «quitter le Mali dans un délai de 48 heures», a indiqué dimanche la junte au pouvoir

Cette décision annoncée par communiqué intervient après un discours violemment critiqué par la junte prononcé par une défenseure des droits humains malienne qui a dénoncé il y a dix jours à l’ONU la situation sécuritaire du pays et l’implication, selon elle, des nouveaux alliés russes de l’armée nationale dans de graves violations. « Cette mesure fait suite aux agissements déstabilisateurs et subversifs » de Guillaume Ngefa-Atondoko Andali, dit le communiqué lu au journal de la télévision nationale et signé par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.

« A l’occasion des différentes sessions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Mali, les actions de Andali ont consisté à sélectionner des usurpateurs s’arrogeant le titre de représentant de la société civile malienne, en ignorant les autorités et les institutions nationales », poursuit-il à propos de ce ressortissant de la République démocratique du Congo.

« La partialité de Andali a été encore plus manifeste lors du dernier examen du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Mali », jour de l’intervention au titre de la société civile d’Aminata Cheick Dicko. Dans une intervention filmée devant le Conseil de sécurité, Dicko, la vice-présidente de l’observatoire Kisal, organisation qui documente les atteintes aux droits humains dans le centre du Mali a évoqué les exactions commises par les « terroristes », mais aussi l’implication des « partenaires militaires russes » de l’armée malienne dans « la commission (de) violations graves des droits de l’Homme et du droit international humanitaire ».

L’expulsion de Guillaume Ngefa-Atondoko Andali intervient après que le ministère des affaires étrangères malien annonce l’arrivée de Sergueï Lavrov à Bamako lundi. C’est la première fois qu’un ministre des affaires étrangères russe se rend officiellement dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Depuis son arrivée au pouvoir lors d’un coup d’État en 2020, la junte militaire malienne a fait appel à Moscou pour l’envoi de mercenaires russes, une décision contestée par ses voisins et les pays occidentaux.

La Minusma a été créée en 2013 pour aider à stabiliser un Etat menacé d’effondrement sous la poussée djihadiste, protéger les civils, contribuer à l’effort de paix, défendre les droits humains… Mais la situation sécuritaire n’a cessé de s’aggraver au Mali. La junte fait ouvertement barrage aux investigations de la Minusma sur les droits humains et les abus dont les forces maliennes sont régulièrement accusées.

Fin janvier, de nombreux membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont souligné l’impossibilité d’un « statu quo » pour la Minusma. Le Conseil doit se prononcer en juin sur un renouvellement de la mission et un rapport du Secrétaire général Antonio Guterres souligne que sa poursuite dans sa forme actuelle est « intenable » sans une augmentation du nombre de Casques bleus, évoquant à l’inverse un retrait des troupes si des conditions clés ne sont pas remplies. L’ONU dénonce notamment les entraves imposées à la liberté de mouvement des Casques bleus, un élément clé pour plusieurs membres du Conseil à la poursuite de la mission qui compte aujourd’hui plus de 12 000 militaires et 1 500 policiers.

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