Le Nigéria prend les devants sur le développement de monnaies numériques en Afrique

Les 200 millions d’habitants ne pourront plus, à compter du 9 janvier 2023, retirer auprès des guichets de banques plus que 45 dollars par jour. Objectif de cette limitation: stimuler l’utilisation du e-naira et des autres moyens de paiements digitalisés. Décryptage.

Dans une note circulaire publiée mardi dernier, signé par le directeur de la supervision bancaire, Haruna Mustafa, la Banque centrale du Nigeria (CBN) a ordonné, à toutes les banques et autres institutions financières de veiller à ce que les retraits d’espèces aux guichets par les particuliers et les personnes morales, ne dépasse pas 100.000 nairas et 500.000 nairas, respectivement, par semaine.

Cette décision intervient peu après que la CBN a mis en circulation, le 23 novembre dernier, de nouveaux billets de la monnaie nationale, le naira. Le régulateur du système bancaire nigérien a indiqué que la refonte des billets contribuerait à contrôler l’inflation, la contrefaçon et la corruption.

President Muhammadu Buhari launches the newly redesigned Naira Notes at the State House, Abuja. pic.twitter.com/LieMvYl87e

— Government of Nigeria (@NigeriaGov) November 23, 2022

Par ailleurs, les retraits journaliers aux guichets des banques sont désormais limités à 20.000 nairas par jour ( environ 44,97 $), contre 150.000, 340 dollars, par le passé. La CNB a noté que tout retrait au delà de ces montants mentionnés entrainera respectivement des frais de 5% à 10 %.

Pour certains parlementaire nigériens, cette mesure est « drastique », annoncée « du jour au lendemain » et « sans consultations », et pourrait avoir de lourdes conséquences, « notamment pour les habitants des zones rurales où toutes les transactions se font en cash ».

A noter que, cette limite vise à promouvoir l’utilisation de la monnaie numérique de la banque centrale, l’e-Naira, nouveau jalon de la politique de « cashless society » initiée en 2012 dans ce pays le plus peuplé d’Afrique, dont le cash représente encore à ce jour 85% des échanges dans le pays tandis que 40 millions d’adultes nigériens ne sont pas bancarisés.