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Moussem d’Assilah: Focus sur la sécurité alimentaire en Afrique à l’ère de la guerre en Ukraine

Moussem d’Assilah: Focus sur la sécurité alimentaire en Afrique à l’ère de la guerre en Ukraine

Des experts marocains ont débattu, mercredi soir à Assilah, de la sécurité alimentaire en Afrique à l’ère de la guerre en Ukraine et de ses répercussions sur le marché international et continental des produits alimentaires de base.

Les intervenants au deuxième colloque organisé dans le cadre de la session d’automne de la 43ème édition du Moussem culturel international d’Assilah, sous le thème « La sécurité alimentaire en Afrique à l’ère de la guerre en Ukraine: conséquences économiques, géopolitiques et sécuritaires », ont évoqué les conséquences économiques et sociales de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale en général et celle en Afrique en particulier.

Ils ont également débattu de la capacité des pays africains à faire face aux difficultés liées à l’emballement des cours des matières premières, l’importance des produits céréaliers dans la consommation des ménages, la dépendance aux importations vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine et de la forte inflation que les pays à faible revenu ont du mal à contenir.

Dans ce cadre, l’économiste Ahmed Ouhnini a estimé que les contraintes et les problèmes économiques et sociaux liés à la sécurité alimentaire diffèrent d’un pays à l’autre en Afrique, puisque certains pays disposent d’une structure économique et agricole leur permettant de relever ce défi avec moins de coûts et d’efforts, tandis que d’autres se trouvent dans une situation difficile et doivent redoubler d’efforts pour parvenir à surmonter les difficultés.

Ouhnini, membre du Policy center for the New South (PCNS), a souligné que la situation actuelle révèle à quel point certains pays africains se trouvent dans une situation de fragilité économique, avec une rentabilité limitée du secteur agricole, et montre leur incapacité à réhabiliter le secteur pour répondre aux besoins locaux et assurer la sécurité alimentaire, relevant que les pays africains sont obligés de trouver des solutions par eux-mêmes pour surmonter la situation alimentaire difficile et bénéficier des expériences accumulées dans ce domaine par certains pays, comme le Maroc.

Pour sa part, la spécialiste en relations internationales au PCNS, Amal El Ouassif, a affirmé que la sécurité alimentaire de nombreux pays africains est fragile et que ces pays n’ont pas la capacité effective de faire face aux fluctuations des cours mondiaux des produits de base dans un contexte économique international marqué par d’importantes turbulences, soulignant qu’il est temps pour les pays africains de diversifier leurs partenaires, d’améliorer la qualité de leur production, réhabiliter leur secteur agricole et d’établir des plans réalistes et efficaces.

Elle a noté que l’intérêt porté par les pays africains à leur réalité agricole actuelle et future et à la nécessité d’apporter un réel changement dans leur système économique en général est devenu, aujourd’hui plus que jamais, une nécessité, relevant que la « souveraineté alimentaire » est le plus important défi à relever pour répondre aux exigences du futur.

De son côté, l’experte en politiques agricoles et hydriques, Fatima Ezzahra Mengoub, a assuré que le contrôle de certains pays d’Europe de l’Est et d’Amérique du Nord sur le marché mondial des céréales ne date pas d’aujourd’hui, mais ce qui est nouveau est la guerre en Ukraine, qui a généré des tensions importantes sur les ressources et des perturbations sur les marchés mondiaux des produits agricoles et révélé les fragilités économiques de certains pays, dont certains ne manquent pas de capacités et de potentialités naturelles et humaines, mais plutôt de la bonne gouvernance.

Mengoub, également membre du PCNS, a souligné que ce conflit a eu également d’importantes répercussions sur les marchés de l’énergie en général et la chaine de valeur en particulier, notant l’impératif de soutenir et encourager la coopération Sud-Sud, dans laquelle le Maroc s’est investi au cours des deux dernières décennies, s’ouvrir à de nouveaux bailleurs de fonds, promouvoir la qualification des ressources propres, et de miser sur l’industrialisation, en vue de favoriser le développement durable de l’Afrique.

Les experts marocains ont souligné la nécessité de renforcer la stabilité politique dans les pays africains et la construction démocratique, favoriser l’exploitation rationnelle des ressources, promouvoir la formation et la qualification des ressources humaines, assurer la structuration de l’économie et d’améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, et ce afin de dépasser la situation économique et alimentaire actuelle.

Ils ont aussi relevé l’impératif de s’interroger sur les réformes agraires à adopter pour parvenir à réduire le risque d’insécurité alimentaire en Afrique, tout en faisant face aux effets déstabilisateurs d’ordre économique, climatique et sécuritaire dans un monde en transition et plein d’incertitudes.

Cette édition du Moussem, qui se tient du 16 octobre au 05 novembre, sous le haut patronage du roi Mohammed VI, à l’initiative de la Fondation du Forum d’Assilah, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication (département de la Culture) et la commune d’Assilah, est marquée par l’organisation de sept colloques dans le cadre de la 36ème édition de l’Université ouverte Al-Mu’tamid Ibn Abbad et d’activités artistiques et culturelles.

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