Le Maroc et l’Espagne tiennent une réunion de haut niveau (RHN) ces 1er et 2 février à Rabat. Ce sommet entre les deux royaumes est le premier du genre en huit ans. En effet, le dernier RHN avait eu lieu en juin 2015 à Madrid.
L’Espagne et le Maroc cherchent à relancer leurs relations diplomatiques lors d’un sommet historique à Rabat. Ces mercredi et jeudi se déroulent à Rabat la 12ème RHN, la première depuis 8 ans et à laquelle participera Pedro Sánchez et son homologue marocain, Aziz Akhannouch, ainsi qu’une forte délégation espagnole, rapportent des médias espagnols, citant l’agence de presse espagnole EFE.
Doce ministros españoles, incluyendo a las vicepresidentas primera y tercera del Gobierno, Nadia Calviño y Teresa Ribera, acudirán a la reunión de alto nivel (#RAN) hispano-marroquí que se celebrará en Rabat el 1 y 2 de febrero, en la que se firmarán una veintena de acuerdos. pic.twitter.com/gB8gqk5g8e
— EFE Rabat (@eferabat) January 28, 2023
La réunion, la première du genre depuis que Sánchez est nommé chef du gouvernement espagnol, sera historique et vise à poser les jalons d’une nouvelle relation distinguée et plus solide entre les deux pays, selon des sources gouvernementales espagnoles. Elle se déroule après la brouille diplomatique majeure entre Madrid et Rabat, provoquée en avril 2021 par l’accueil en catimini, du chef du polisario en Espagne, pour y être soigné du Covid. En réaction, le Maroc avait rappelé pour consultation, en mai 2021, son ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich.
A noter que, pendant près d’un an, sans ambassadeur en Espagne, les deux pays n’ont pratiquement pas eu de relations diplomatiques après cet incident. Toutefois, en mars 2022, l’Espagne renverse sa position sur le Sahara et soutient pour la première fois le plan d’autonomie, présenté par le Maroc, pour mettre fin au conflit artificiel autour du Sahara marocain. Sánchez a rendu visite au roi Mohamed VI à rabat en avril pour officialiser le début d’une nouvelle étape inédite dans les relations entre les deux voisins, et là ils ont convenu de tenir cette réunion de haut niveau.
Accords sur les douanes, la sécurité, la migration ou le financement
Alors qu’il devait être annuel, le RHN ne s’était pas tenue depuis 2015. La pandémie et la crise diplomatique ont retardé un rendez-vous clé pour la coopération entre l’Espagne et l’un de ses principaux partenaires stratégiques. Le Maroc est le troisième partenaire commercial de l’Espagne en dehors de l’UE, et les 1,2 million de Marocains légalement établis en Espagne représentent la deuxième communauté étrangère dans le pays, expliquent des sources gouvernementales espagnoles.
Ainsi, au cours des deux jours du sommet, une vingtaine d’accords seront signés. Des progrès importants seront réalisés selon un calendrier pour continuer la réouverture des frontières et des douanes à Ceuta et Melilla. La semaine dernière, les douanes commerciales des deux enclaves ont été ouvertes pour la première fois depuis 2018, lors d’un test pilote que ces sources considèrent comme une étape importante, mais qui se poursuivra graduellement après la tenue de cette réunion.
Par ailleurs, les deux pays vont signer un nouveau protocole financier qui remplacera celui de 2008. Ce dernier prévoit une ligne de crédit de 800 millions d’euros pour les entreprises marocaines, avec des conditions avantageuses, afin de s’approvisionner auprès de leurs homologues espagnoles.
Un autre protocole porte sur la coopération en matière de la sécurité et de lutte contre terrorisme. Il a pour objectif l’approfondissement de la coopération policière entre les deux pays, qui a permis ces dernières années, la réalisation de 279 opérations et l’arrestation de 497 personnes. A noter que, l’immigration irrégulière entre le Maroc et l’Espagne a été réduite de 31% l’année dernière, loin des augmentations produites sur la route entre la Turquie et la Grèce et les entrées par l’Italie.
D’autres accords porteront sur les investissements dans les infrastructures au Maroc, notamment ferroviaires, ainsi que dans les usines de dessalement. Des sections bilingues seront ouvertes dans 80 écoles marocaines, où les matières scientifiques seront enseignées en espagnol. Aussi, l’ouverture d’écoles privées espagnoles au Maroc sera encouragée et des accords de coopération seront signés entre la bibliothèque de l’Agence espagnole pour la coopération internationale au développement (AECID) et la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc, entre autres. Pour la première fois, un mécanisme sera également mis en place pour surveiller les accords signés, qui résidera au ministère des Affaires étrangères.
12 ministres socialistes représentant divers domaines, mais pas d’Unidas Podemos
Le sommet réunira, outre Sánchez, 12 de ses 22 ministres, tous issus de l’aile socialiste du gouvernement espagnol. Il s’agira de la première vice-présidente et ministre des Affaires économiques, Nadia Calviño, de la troisième vice-présidente et ministre de la Transition énergétique, Teresa Ribera, et des ministres des Affaires étrangères, José Manuel Albares, de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de la Justice, Pilar Llop, de l’Industrie et Commerce, du Transport, Raquel Sánchez, de l’Inclusion sociale, José Luis Escrivá, de l’Agriculture, Luis Planas, de l’Éducation, Pilar Alegría, de la Culture, Miquel Iceta et des Sciences, Diana Morant.
Aucun des ministres d’Unidas Podemos ne sera présent. Des sources gouvernementales espagnoles minimisent ces absences et rappellent que le ministre des Affaires étrangères a le pouvoir de signer les accords dans n’importe quel domaine.
Au menu : forum d’affaires mercredi et signature d’accords jeudi
Un forum économique et commercial se tiendra à Rabat avant le sommet. Le Maroc est l’un des principaux partenaires commerciaux de l’Espagne. En 2021, les échanges entre les deux pays se sont élevés à 17.000 millions d’euros, tandis que 50 % des exportations espagnoles vers l’Afrique vont au Maroc. L’Espagne est également le troisième investisseur au Maroc, avec 2.000 millions qui emploient 20.000 personnes. A noter que, 17.600 entreprises espagnoles exportent vers le Maroc tandis que 664 entreprises espagnoles sont déjà installées dans le pays.
En plus du protocole financier, un mémorandum sera signé entre Cofides (la société publique-privée qui gère les fonds publics pour l’internationalisation de l’économie espagnole) et le fonds souverain marocain Ithmar pour identifier les protocoles d’investissement dans le pays africain. Sánchez clôturera ce forum mercredi après-midi.
Jeudi matin, le chef du gouvernement espagnol rencontrera son homologue marocain, tandis qu’en parallèle auront lieu des rencontres bilatérales entre les différents ministres des deux pays. Une session plénière se tiendra ensuite avec tous les participants au sommet au cours de laquelle une déclaration commune sera signée, dont le contenu est encore en cours d’élaboration. Enfin, Sánchez et Akhannouch tiendront une conférence de presse .
Le principal point à clarifier est de savoir s’il y aura une rencontre entre le chef du gouvernement espagnol et le roi Mohamed VI, comme s’est produit en avril de l’année dernière. Les sources consultées indiquent qu’il ne sera connu qu’au dernier moment pour des raisons d’agenda et de sécurité, et elles rappellent qu’au RHN, il s’agit de rencontres entre chefs de gouvernement et non d’Etat.
