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Législatives 2021: les leçons à tirer des élections professionnelles

Législatives 2021: les leçons à tirer des élections professionnelles

Dans le cadre du processus électoral relatif au renouvellement général des représentants des salariés, les fonctionnaires et les travailleurs du secteur privé ont élu entre le 10 et le 20 juin 2021, leurs représentants à la Chambre des conseillers. Les sans appartenance syndicales sont les grands gagnants de cette édition qui a enregistré un taux de participation de 20%.

Lors d’une conférence de presse tenue le 2 juillet 2021, le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Amkraz, a annoncé les résultats définitifs des élections professionnelles. L’Union marocaine du travail (UMT) et l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) arrivent très loin derrière les sans appartenances syndicales (SAS), qui ont raflé la mise avec plus de la moitié des délégués.

Les SAS, qui avaient déjà ravi en 2015 la place de premier syndicat (49,79%) à l’UMT (17,67%), ont obtenu cette année, selon les chiffres annoncés par le ministère de l’Emploi, 51,35% des suffrages, en légère hausse (+1,56 point), devant l’UMT qui a reculé de 2,19 points (15,48%). L’UGTM, arrivée troisième, réalise une grande percée avec 12,56% des suffrages contre 7,57% en 2015 (+4,99%), devant la Confédération démocratique du travail (CDT) avec 7,20%, (-2,07 points par rapport à 2015). Mais le grand perdant de ces élections est l’Union nationale marocaine des travailleurs (UNMT) avec seulement 5,63% des suffrages. Ainsi, le syndicat proche du Parti justice et développement (PJD) n’a pas pu atteindre la barre des 6%, indispensable pour être «représentatif» au niveau interprofessionnel national.

Plusieurs leçons sont à tirer de ces résultats. A commencer par les raisons de la défaite cuisante du syndicat de l’UNMT. D’après le politologue Omar Cherkaoui, cette situation s’explique, d’une part, par «le vieillissement des cadres du PJD», et, d’autre part, par le fait que «les salariés du public et du privé ont fait une association entre le travail gouvernemental et ces élections syndicales. La preuve : le secteur où le PJD a perdu le plus, c’est l’éducation, où le gouvernement est entré en conflit avec les enseignants. Son score dans ce qui était son fief électoral est passé de 97 sièges à 27 sièges», a-t-il souligné dans des propos relayés le 12 juillet par le site d’information Medias24.

Deuxième leçon à tirer : le retour en force de l’UGTM, syndicat lié au Parti de l’Istiqlal (PI). Même si l’UMT (proche du RNI) est arrivé en deuxième position au niveau générale, elle a perdu le leadership du secteur privé, avec 4.969 voix engrangées contre 5.035 au profit de l’UGTM.

D’après David Goeury, chercheur et analyste politique, également interrogé par Medias24, «le syndicat de l’Istiqlal a réalisé une très belle performance. C’est le plus grand gagnant de ces élections. Il a réussi à étendre son influence avec une nette progression en termes de sièges gagnés. C’est quelque chose d’intéressant, qui n’était pas prévisible. Ça montre que les réseaux syndicaux sont très actifs au sein du parti et que l’UGTM a su, en fait, renouveler son aura et apparaître comme un syndicat qui recrute de nouveaux profils, sérieux et engagés… L’Istiqlal a nettement étendu son influence au sein des réseaux des fonctionnaires et des salariés».

Toutefois, le grand enseignement à tirer reste la victoire écrasante des indépendants (SAS) avec plus de la moitié des suffrages remportés. La première explication, c’est que «le recul des syndicats est un phénomène universel et le Maroc ne fait pas exception». Mais pour David Goeury, «ce résultat est un classique, pas seulement au Maroc, mais dans le monde entier. Au Maroc, les indépendants font pratiquement la moitié des sièges depuis toujours et sont beaucoup plus influents dans le privé que dans le public». Une autre explication a été donnée par le ministre du Travail, Mohamed Amkraz, qui ne voit pas dans la victoire des SAS un phénomène nouveau. «Il existe des entreprises qui ne disposent pas de bureaux syndicaux alors que la loi leur impose d’organiser des élections, ce qui donne lieu à des candidatures des sans appartenance syndicale», a-t-il affirmé au site d’information LesEco.ma.

Autre argument : cette victoire met en avant «la vague de colère des travailleurs, des salariés et des fonctionnaires contre les centrales syndicales classiques et la défiance vis-à-vis de tout ce qui est politique», a renchéri Omar Cherkaoui.

De toute manière, 45.573 salariés ont voté lors des différents scrutins (secteur public et privé), soit une participation de 70%. Cet indice est très encourageant, car le monde professionnel façonne son destin et choisit ses défenseurs formant le collège électoral qui participera à l’élection des 24 membres du Conseil économique, social et environnemental, et des membres des conseils régionaux en sus des 20 membres à la Chambre des conseillers.

 

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