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Imane Kendili: «Un suivi psychologique et pédagogique des étudiants marocains revenus d’Ukraine est primordial»

Imane Kendili: «Un suivi psychologique et pédagogique des étudiants marocains revenus d’Ukraine est primordial»

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Plusieurs étudiants marocains se trouvaient en Ukraine lorsque la guerre a éclaté. De retour au pays, quel est leur état mental?

Le Maroc a été l’un des premiers pays à se mobiliser pour ses ressortissants en Ukraine, après le lancement de l’invasion de ce pays par les forces russes. Le royaume a notamment mis en place des équipes de terrain aux frontières avec les pays limitrophes de la zone de tension. Celles-ci ont veillé à faciliter l’opération de transit des citoyens marocains et à programmer des vols spéciaux en un temps records. Grâce à ces efforts, plus de 3.000 Marocains ont retrouvé leur terre natale depuis le 15 février à bord de vols opérés par Royal Air Maroc (prix unique: 750 dirhams le billet) et Air Arabia, sur un total de plus de 5.300 qui ont quitté l’Ukraine.

Les Marocains rapatriés sont principalement des étudiants. Après avoir quitté l’Ukraine, dans des conditions très difficiles (longues marches, brutalité de certaines autorités, racisme…), comment se sentent-ils? Outre la fatigue physique et morale, quel effet la guerre a-t-elle sur leur santé mentale, eux qui n’ont jamais connu une telle situation? Certains étaient en dernière année d’études, tandis que d’autres commençaient à peine leur cursus universitaire. Comment perçoivent-ils leur avenir, aujourd’hui? La psychiatre et addictologue Imane Kendili nous décrit l’état mental de ces jeunes Marocains et nous dit comment les aider.

Ni9ach21: Comment peut-on décrire l’état mental des étudiants marocains de retour d’Ukraine?

Imane Kendili: La guerre en Ukraine tombe comme une épée de Damoclès sur la tête des générations actuelles, qui ne matérialisent plus les guerres dans leurs esprits. Nous pouvons considérer la guerre comme un traumatisme qui met leurs vies en danger, donc leur intégrité physique et mentale, mais aussi comme un événement qui vient chambouler leurs vies et leurs projets de vie, leurs projections de carrière, etc. Pour certains, la reprise des études et d’un projet pourrait s’avérer très dure et la résilience de chacun signera l’impact du trauma et définira la mise en place de nouvelles opportunités.

Quels sont les effets à court et à long terme?

Les effets, comme pour toutes les guerres, sont le stress post-traumatique, les troubles anxieux, la dépression… D’où l’importance de débriefer et de prendre en charge ces jeunes, et surtout de les faire adhérer rapidement à une continuité d’études et les insérer rapidement.

Comment et qui doit les accompagner?

Un soutien psychologique est souhaitable mais également un conseil d’orientation pour ne pas leur faire perdre leur labeur. Accompagner ces jeunes étudiants est primordial. Il faut mobiliser une équipe de psys, bien sûr, mais aussi, et surtout, une équipe pédagogique universitaire avec des conseillers en orientation, car cette situation ne doit pas entacher leurs perspectives d’avenir. Dans ce sens, les universités devront s’impliquer pareillement en offrants des opportunités afin de ne pas perdre cette année de travail.

Quid de ceux qui ont quitté l’Ukraine mais qui ne sont pas encore rentrés au Maroc?

En ce qui concerne ceux qui sont encore en transit plus ou moins dur pour rentrer au Maroc, le principe reste le même. Il faut les accompagner, les soutenir ainsi que proposer des opportunités pour qu’ils puissent rebondir.

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