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Défense: bientôt du matériel militaire et sécuritaire «Made in Morocco»

Défense: bientôt du matériel militaire et sécuritaire «Made in Morocco»

Suite à la publication du décret d’application n°2.21.405 au Bulletin officiel, le top départ est donné pour la mise en place d’un écosystème d’armement «Made in Morocco».

La préparation du terrain juridique est fondamentale avant de passer à l’exécution. Après l’adoption de la loi 10-20 relative aux matériels et équipements de défense et de sécurité, aux armes et aux munitions, le 25 juillet 2020, le Maroc se lance concrètement dans la production de défense avec l’adoption du décret d’application de ladite loi, publié au Bulletin officiel le 9 août 2021. Outre le comblement d’un vide juridique dans ce domaine, le envisage de devenir un pionnier de l’armement, notamment en Afrique.

Au Maroc, l’arsenal juridique de défense date des années 30, et les dahirs de 1936 et 1937 ne couvrent pas le domaine de l’industrie militaire. Ainsi, la loi 10.20 et son décret d’application viennent poser la première pierre à l’édifice d’une industrie marocaine de défense. Celle-ci contribuera de manière significative à la souveraineté étatique et à la création de richesses économiques.

Dans le détail, le décret n° 2.21.405 fixe la liste des types de matériels et d’équipements de défense et de sécurité, armes et munitions, pouvant être fabriqués au Maroc. Il définit également la composition et le fonctionnement de la commission nationale qui sera chargée d’octroyer les autorisation aux investisseurs privés souhaitant se lancer dans cette industrie. Les volets concernant la commercialisation, le transport et l’import-export sont également inclus.

La sécurité a un coût

Les dépenses militaires pèsent lourdement sur le budget de l’Etat. D’après la Loi de finances de 2021, 111 milliards de dirhams ont été alloués à l’administration de la défense pour l’achat et la réparation de matériel militaire. De plus, selon les données de la Banque mondiale, les dépenses militaires du Maroc ont atteint 3,1% de son PIB en 2019, tandis que le  Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) a classé le pays 29e importateur d’armes dans le monde et 3e en Afrique dans son rapport annuel sur les transferts internationaux d’armes en 2020, publié le 15 mars dernier.

Ainsi, le développement d’une industrie nationale permettrait au Maroc d’accroître son autonomie et ne plus dépendre de ses alliés.

Des partenaires stratégiques

Pour optimiser la gestion des risques, il faut toujours diversifier ses partenaires. Le Maroc en a pris conscience et peut compter sur ces partenaires clefs, dont la plupart figurent parmi les armés les plus puissantes au monde, pour faire son entrée dans le club très select des industries de défense.

En effet, d’après le rapport annuel du SIPRI, 90% des armes importées par le Maroc entre 2016 et 2020 proviennent des Etats-Unis, qui ont supplanté la France (9,2%), partenaire militaire de longue date du royaume. En plus de ces deux pays, le royaume a également acheté, entre 2016 et 2019, du matériel militaire à l’Espagne pour une valeur totale d’environ 80 millions d’euros, en plus d’acquisitions auprès du Brésil, de la Turquie, de la Chine, de l’Italie, ainsi que de la Belgique et la Grande-Bretagne.

Plan d’action

Le Maroc pourrait profiter de la présence de grands opérateurs internationaux tels que Safran, Thales, Airbus/Stelia, Boeing, Eaton, UTC, Renault Trucks qui disposent tous de filiales dédiées à la défense facilement déployables dans le royaume, qui jouit d’une base industrielle propice pour accueillir de tels projets. Aussi, le Maroc dispose de ressources humaines qualifiées dans les domaine militaire, de l’aéronautique, de l’aviation civile.

Il est également à noter que l’armement est un secteur pourvoyeur d’emplois de haute technicité, de haute valeur ajoutée et non délocalisables. C’est aussi un secteur de pointe, fortement exportateur, qui peut contribuer positivement à l’équilibre de la balance commerciale. Et les principaux clients de cette industrie étant les Etats, vendre des armes devient un moyen d’étendre son influence. Et sur ce volet, le Maroc a une carte à jouer, notamment en Afrique.

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