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Audio. Mouad Aboulhana: «Plusieurs touristes viennent spécialement au Maroc pour le street art»

Audio. Mouad Aboulhana: «Plusieurs touristes viennent spécialement au Maroc pour le street art»

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Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Mouad Aboulhana est l’un des pionniers du mouvement du street art au Maroc. Il y a tout juste un mois, l’artiste était au cœur d’une grosse polémique.

Appelé à réaliser une fresque géante sur l’un des murs du Technopark de Tanger, Mouad Aboulhana a vu son œuvre – un portrait hommage à la défunte photographe Leila Alaoui – être détruite par les autorités locales. Après cet événement malheureux que le wali de Tanger a attribué à un problème de communication, l’artiste a pu finir son œuvre dans les meilleures conditions possibles.

Cette polémique passée, Mouad Aboulhana lançait, le weekend dernier, son exposition «Pop N Roll Kasbah» à la Galerie Conil, dans la ville du détroit. Au micro de Ni9ach21, il nous éclaire sur cette forme d’art qui connait un franc succès dans le royaume.

Ni9ach21: Qui est Mouad Aboulhana?

Je suis né à Tanger et j’y ai grandi. Au tout début, je me suis lancé dans le graphic art, avant de continuer avec le street art. Après une longue période dans cette forme artistique, je me suis finalement tourné vers le pop art, où je travaille en atelier. Aujourd’hui, je me considère comme un peintre et un artiste visuel.

Pourquoi le pop art et le street art?

Je baigne dans l’art depuis mon enfance. Mais ce qui m’a vraiment poussé à choisir ces deux mouvements, c’est la liberté d’expression qui y règne. Que ce soit du côté technique ou du côté créatif. J’ai également développé plusieurs styles, afin de représenter principalement la marocanité de mes œuvres tout en ajoutant une touche de modernité et pop bien sûr.

Quelles sont tes inspirations?

Ma première inspiration, c’est ma ville. Quoi de mieux qu’une balade dans les rues de Tanger pour se rafraîchir les idées? Je m’inspire aussi des différentes gens que je croise lors de mes escapades. La musique aussi joue un rôle dans mon inspiration; j’écoute le plus souvent la musique gnaoua et le rock. Je suis également plusieurs artistes, dont Andy Warhol, l’un des principaux représentants du pop art. Sans oublier, bien sûr, l’histoire de l’art.

Comment définis-tu le street art?

Pour moi, c’est le street art qui s’invite chez les gens, contrairement aux formes traditionnelles de l’art. C’est-à-dire qu’il suffit juste aux gens de se balader dans les rues des villes pour profiter de cet art. C’est comme si on facilitait l’accès à l’art. Il peut aussi porter un ou plusieurs messages. Aujourd’hui le street art est même devenu une sorte de destination touristique qui attire un bon nombre de voyageurs, au bénéfice du Maroc. Plusieurs touristes me contactent, en effet, pour savoir où se trouvent mes œuvres. Ils viennent spécialement au Maroc pour le street art.

Quelle est la différence entre le street art et le pop art?

A l’inverse du street art, qui se fait principalement dans les rues, c’est en atelier que ça se passe pour le pop art. Le pop art pour moi, c’est raconter, à l’aide de l’art, la culture populaire d’un pays. C’est-à-dire tout ce qui se passe dans les quartiers populaires, les produits qu’on y consomme et les personnages populaires.

Quel rôle a joué Tanger, ta ville natale, dans ta carrière ?

Tanger est une ville assez calme, idéale pour trouver son inspiration. Ce qui m’a vraiment aidé, c’est le fait qu’elle regroupe des personnes de toutes les classes sociales, et on vit tous en parfaite symbiose. En ce qui me concerne, je passe la plupart de mon temps dans le centre-ville, là où se trouve mon atelier. Je m’y sens tellement à l’aise.

Comment vois-tu l’évolution du street art au Maroc?

Concernant le nord du royaume, on en est encore au début. On assiste en ce moment aux premières expériences de street art dans la région. Mais elles demeurent freinées par de longues procédures, notamment pour obtenir les autorisations conformes. Mais ça va venir, ce n’est qu’une question de temps. Par contre, si on prend l’exemple de la capitale, de Casablanca, de Marrakech… ces villes-là se portent très bien! En général, le mouvement s’est fait une place au Maroc grâce aux jeunes artistes, qui font du bon travail.

Pourrais-tu revenir sur la polémique autour du portrait de Leila Alaoui?

Au niveau de notre organisation, tout était parfait. Nous avions les autorisations qu’il fallait. L’appel d’offres a été lancé par Technopark, et j’ai été présenté par Dabatek. J’ai présenté plusieurs projets, mais c’est celui du portait de Leila Alaoui qui a été retenu. Un projet qui nous tenait tous à cœur, car c’est un hommage à une grande photographe qu’a connue le Maroc, mais aussi parce que c’est un hommage à la femme marocaine.

On nous a arrêtés subitement après 4 jours de travail sous prétexte qu’on n’avait pas la bonne autorisation. Heureusement, grâce au soutien et à l’ampleur qu’a pris la polémique sur les réseaux sociaux, on a pu reprendre et finir ce qu’on avait commencé. J’ai même été accueilli par le wali de la région de Tanger qui m’a expliqué qu’il était pour l’art et assuré de son soutien. D’autres grands projets sont, d’ailleurs, prévus.

A Casablanca, une œuvre de street art a été effacée pour être remplacée par les cases électorales. Qu’en penses-tu ?

Cette histoire m’a vraiment fait mal. A la fois pour l’artiste qui s’est donné avec amour et joie pour réaliser le portrait de cette femme, et pour le mouvement. Des fois, il arrive qu’on sabote notre travail. Mais à mon avis, l’art est indispensable pour notre vie quotidienne.

Pourquoi «Mamnou3 ramy al afkar»?

L’idée m’est venue du tag le plus populaire au Maroc, le fameux «mamnou3 ramy al azbal» que tous les Marocains dessinent sur un mur quand on jette des ordures devant leurs maisons. Alors moi, je l’ai remixé à ma sauce. Ce qui a donné «Interdit de jeter les idées». A travers cette phrase, j’encourage tout le monde à ne jamais abandonner ses rêves et ses idées. Et ce, malgré toutes les ondes négatives auxquelles on peut faire face.

Un dernier mot sur ton exposition «Pop N Roll Kasbah»?

C’était ma première collaboration avec la galerie Conil, située au cœur de la kasbah de Tanger et qui est dirigée par Olivier Conil. Ils m’ont mis tellement à l’aise que j’ai même tagué les murs de la galerie. Ce qui m’a permis de faire du street art et du pop art en même temps. C’était une très belle expérience. Le feedback des visiteurs était positif et totalement constructif.

Lancée samedi dernier, l’exposition «Pop N Roll Kasbah» se poursuit jusqu’au 14 septembre à la galerie Conil, dans la Kasbah de Tanger.

Crédit: DR

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