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Audio. Juul, vapoteuse, tabac à chauffer…: quel impact psychologique sur les adolescents?

Audio. Juul, vapoteuse, tabac à chauffer…: quel impact psychologique sur les adolescents?

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Le tabac à chauffer débarque au Maroc, pour le plaisir des grands fumeurs… mais aussi celui des non-fumeurs, souvent dérangés par l’odeur de la cigarette.

Ce nouveau marché rappelle que bien avant lui, la cigarette électronique et la Juul se sont fait une place de choix auprès des jeunes adolescents, qui voient en elles des gadgets personnalisables et bien marketés. Le tabac à chauffer ne risque-t-il pas de séduire, à son tour, les plus jeunes consommateurs? Dr Imane Kendili, psychiatre, addictologue et vice-présidente du Centre africain de recherche en santé, nous ouvre les yeux sur un concept certes moins nocif que la cigarette classique, mais bien plus séduisant auprès de la jeune clientèle.

 

Dr Imane Kendili, psychiatre, addictologue et vice-présidente du Centre africain de recherche en santé. Crédit: DR

 

 »Les deux tueurs en 2025 selon l’OMS, seront le sucre et le tabac »

 

Ni9ach21: A propos du tabac à chauffer et de la cigarette électronique, quel est le  »bon côté » de ce type de fumée?

Dr Imane Kendili: Tout tabac est mauvais pour la santé, quel que soit le type ou la forme. Maintenant, il y a de grands fumeurs, ceux qui n’arrivent pas à arrêter ou ceux qui arrêtent et qui reprennent. Le taux de reprise de la consommation de tabac est extrêmement important. La prohibition n’a pas marché. Alors, la réduction des risques est un moyen de pouvoir réduire les risques en matière de santé organique, concernant les méfaits du tabac.

Il n’y a pas de bon côté à n’importe quelle fumée. Mais il y a des risques moindres par rapport à une consommation de cigarette conventionnelle, où l’on a une combustion. Cette combustion va dégager plus de 4.000 constituants qui sont des produits cancérigènes. Donc, si on peut réduire l’effet cardiovasculaire, l’effet cancérigène, etc. en n’ayant pas de combustion, c’est la meilleure des choses. Le tabac chauffé n’a pas de combustion, tout comme la cigarette électronique.

 

Quelle différence y a-t-il entre les deux ?

Les deux sont à risque réduit, car ils vont réduire le risque de maladie inhérente au tabac. Et même si cette réduction n’est qu’à un faible pourcentage, elle aide tout de même par rapport aux conséquences de la cigarette conventionnelle.

Maintenant, le tabac à chauffer consiste en des sticks. Par conséquent, on voit et on est conscients de ce qu’on fume, soit l’équivalent de 20 taffes d’une cigarette normale mais non combustible, alors qu’avec la cigarette électronique, on n’a pas toujours conscience de ce qu’on fume. Tant que la pile marche, on tire dessus, ce qui peut avoir un potentiel addictif encore plus important.

Psychologiquement, le fumeur pensera moins fumer. De ce fait, ne risque-t-il pas de fumer davantage?

Il y a un paquet de 20 sticks, comme il y a un paquet de 20 cigarettes. Un individu qui fume habituellement un paquet va fumer un paquet de tabac à chauffer en réduisant les risques liés à la combustion, puisque c’est un produit potentiellement à risque réduit. Cela ouvre donc une troisième voie où on peut aider les fumeurs à switcher vers le tabac à chauffer, avant de switcher à nouveau vers l’arrêt, car le mieux étant d’arrêter. Alors, fumer davantage, non, puisque la personne est accro à la nicotine et non au nombre de cigarettes. Si on accompagne cette personne, via des techniques pour améliorer sa santé, elle pourra réussir son switch, en ayant une activité physique, en gérant l’anxiété, les troubles du sommeil, les troubles de l’appétit ou toute autre chose qui peut accompagner un sevrage de tabac.

Visuellement, la cigarette électronique et le tabac à chauffer ressemblent à des jouets. Les enfants peuvent ainsi vouloir les tester. Quel est le risque de ce marketing sur l’esprit de l’enfant?

La cigarette électronique, la Juul ou le stick de la cigarette à chauffer sont tous des gadgets. Les enfants ont envie de les essayer comme lorsqu’ils voient les adultes fumer une cigarette conventionnelle. Il faut leur expliquer: il y a des choses qui sont faites pour les adultes et d’autres pour les enfants. Il est aussi du rôle du parent, peut-être, de ne pas fumer, quel que soit le type de cigarette, devant l’enfant. Et puis il y a la prévention. C’est une sensibilisation, non pas seulement pour le tabac, mais aussi pour l’alcool et d’autres formes de drogues. Cela va aider les enfants, et les adolescents particulièrement, à ne pas commencer à fumer. Après, je pense qu’il y a une sensibilisation à faire surtout pour la Juul qui est très appréciée par les adolescents et qui peut être dangereuse. Malheureusement, on n’a pas de sensibilisation par rapport à ça.

Quand l’enfant a au moins un parent qui fume, n’a-t-il pas plus de chance de devenir fumeur à son tour?

Oui, en effet, c’est comme quand on a un parent qui boit, on risque d’être dépendant à l’alcool. Ce n’est pas tant le contact, mais le contexte. Le produit est banalisé; on voit le parent qui tire sur une cigarette. Donc, à 15 ou 16 ans, on a envie d’essayer cette chose qui est la meilleure amie de notre parent. Ça fait partie de la sensibilisation. Si aujourd’hui, la fumée ou le tabac, particulièrement dans certains pays anglo-saxons, est mal vu, c’est interdit dans les lieux publics. Ce n’est pas le cas chez nous. Maintenant, il faut promouvoir la santé, un rythme de vie sain, l’activité physique, une bonne nutrition. Cela va aider à ne pas fumer le tabac, mais aussi le cannabis, à ne pas boire, à ne pas manger trop de sucre. C’est toute une hygiène de vie, et je pense que ça rentre dans la réduction des risques, en général. Tout comme on a peur de la cigarette, on devrait avoir peur du sucre, du gras, des drogues, des jeux vidéo, des comportements à risque pour nos enfants, et la sensibilisation concerne tout cela.

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