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Afrique subsaharienne: le manque d’emploi, principale source d’extrémisme violent

Afrique subsaharienne: le manque d’emploi, principale source d’extrémisme violent

C’est le manque d’emploi plus que l’idéologie religieuse qui permet aux groupes djihadistes et autres extrémistes violents d’attirer de plus en plus de recrues dans l’Afrique subsaharienne, a indiqué l’ONU mardi 7 février

Les conclusions de cette enquête menée auprès de près de 2200 hommes et femmes remettent en question les hypothèses traditionnelles sur ce qui pousse les gens à l’extrémisme violent, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Le PNUD s’appuie sur des entrevues réalisées en 2021 et début 2022 dans huit pays : Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Mali, Niger, Nigeria, Somalie et Soudan. Près de 1200 personnes interrogées sont d’anciens membres de groupes extrémistes violents, dont des recrues volontaires. La majorité d’entre elles appartenaient à certains des groupes les plus importants de la région, à savoir Boko Haram, les shebab et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe), affiliée à Al-Qaïda.

Un quart des recrues volontaires ont mentionné le manque d’opportunité d’emploi comme principale raison de leur adhésion, une augmentation de 92% par rapport aux conclusions d’une étude similaire de 2017. «Dans de nombreux pays, où les revenus et les opportunités d’emplois manquent, le désespoir pousse les gens à saisir les opportunités venant de quiconque», a relevé le patron du PNUD, Achim Steiner, en conférence de presse. Un peu moins d’un quart (22%) ont dit vouloir rejoindre de la famille ou des amis.

La religion constitue la troisième raison d’adhésion, citée par 17% des personnes, une diminution de 57% par rapport à 2017. Quelque 40% des personnes interrogées avaient alors cité la religion comme facteur clé.

Par ailleurs, près de la moitié des personnes interrogées ont mentionné un événement déclencheur spécifique les poussant à rejoindre ces groupes avec près de trois-quart (71%) évoquant des violations des droits humains, souvent commises par les forces de sécurité de l’Etat, comme «leur point de basculement».

Le PNUD observe toutefois que le déplacement des activités menées par les groupes extrémistes violents depuis le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord vers l’Afrique subsaharienne a suscité relativement peu d’attention de la part de la communauté internationale, accaparée par la crise climatique, la pandémie de Covid-19, l’autoritarisme croissant et la guerre en Ukraine.

«Nous pensons qu’il est urgent d’essayer d’attirer l’attention de la communauté internationale (…) pour mieux comprendre comment les groupes extrémistes violents réussissent à pénétrer les nations, les Etats et les communautés», a affirmé Achim Steiner.

«Les réponses antiterroristes axées sur la sécurité sont souvent coûteuses et peu efficaces. Malheureusement, les investissements dans des approches préventives de l’extrémisme violent sont terriblement insuffisants», a commenté Achim Steiner.

Le rapport recommande un investissement plus important dans les services sociaux de base, dans la protection de l’enfance, l’éducation et les moyens de subsistance de qualité.

Il appelle également à intensifier les possibles voies de sortie des recrues et à investir dans les services de réadaptation et de réintégration à base communautaire. «Il est très important d’investir dans des mesures incitatives, qui favorisent le désengagement», selon Nirina Kiplagat, conseillère régionale du PNUD pour la prévention de l’extrémisme violent en Afrique.

Elle appelle les communautés locales à jouer un rôle central dans le soutien des voies durables de sortie de l’extrémisme violent, parallèlement aux programmes d’amnistie mis en place par les gouvernements.

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